Traduction
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Contre Hermogène
VI.
Il reste à Dieu, répond-il, d'être le premier et le seul auteur de toutes choses; d'être le Seigneur de toutes choses, et de ne pouvoir être comparé à qui que ce soit. Puis, il va tout à l'heure en gratifier la Matière. « Je suis le Dieu, » déclare le Tout-Puissant; « et il a juré souvent par lui-même, qu'il n'y avait pas d'autre Dieu que lui. » Mais Hermogène lui donnera un solennel démenti; car voilà la Matière devenue l'égale de Dieu, n'ayant jamais été faite, n'ayant jamais reçu la naissance, aussi étrangère à un commencement qu'à une fin. Dieu dira: « Je suis le premier. » Et comment sera-t-il le premier, puisque la Matière lui est coéternelle? Entre des êtres coéternels et contemporains, point de rang, ou bien la Matière est également la première. « Moi seul j'ai étendu les deux. » Il se trompe; il ne les a étendus qu'avec celle qui lui a donné de quoi les étendre. Quand Hermogène déclare que la Matière exista sans porter atteinte à l'essence de Dieu, prends garde que nous ne lui répliquions, Dieu exista sans porter atteinte à l'essence de la Matière, pourvu néanmoins que l'essence soit commune. Il restera donc à la Matière d'avoir existé, mais avec Dieu, comme à Dieu d'avoir été seul, mais avec elle. Elle sera la première avec Dieu, parce que Dieu sera le premier avec elle; de plus, elle ne pourra être comparée à Dieu, parce que Dieu ne pourra lui être comparé; elle est auteur de l'univers avec Dieu; elle est souveraine avec lui. Voilà comme Dieu a quelque chose de la Matière, et non tout ce qui la constitue: Hermogène ne lui a donc rien laissé qu'il n'ait accordé également à la Matière; de sorte que la Matière est moins élevée jusqu'à Dieu, que Dieu n'est élevé jusqu'à la Matière. Ainsi donc, puisque les attributs distinctifs de Dieu, tels que d'avoir toujours été, de ne connaître ni commencement ni fin, d'être le premier et le seul auteur de foutes choses, conviennent également à la Matière, je le demande, où sont les caractères différents et étrangers à Dieu que la Matière possède en propre, et qui l'empêchent d'être comparée à Dieu? Là où se retrouvent tous les attributs propres à un Dieu, il y a présomption que tout le reste se ressemble.
Edition
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Adversus Hermogenem
VI.
[1] Dicit saluum deo esse, ut et solus sit et primus et omnium auctor et omnium dominus et nemini comparandus, quae mox materiae quoque adscribit. Ille quidem deus. Contestabitur deus et iurauit nonnunquam per semetipsum quod alius non sit qualis ipse, sed mendacem eum faciet Hermogenes. Erit enim et materia qualis deus, infecta, innata, initium non habens nec finem. Dicet deus: Ego primus. Et quomodo primus cuius materia coaetanea est? Inter coaetaneos autem et contemporales ordo non est. Aut et materia prima est? Extendi, inquit, caelum solus. Atquin non solus, cum ea enim extendit de qua et extendit. [2] Cum proponit saluo dei statu fuisse materiam, uide ne irrideatur a nobis proinde saluo statu materiae fuisse deum? communi tamen statu amborum. Saluum ergo erit et materiae, ut et ipsa fuerit, sed cum deo, quia et deus solus, sed cum illa. Et ipsa prima cum deo, quia et deus primus cum illa, sed et ipsa incomparabilis cum deo, quia et deus incomparabilis cum illa, et auctrix cum deo et domina cum deo; sic aliquid et non totum materiae habere. [3] Ita illi nihil reliquit Hermogenes quod non et materiae contulisset, ut non materia deo sed deus potius materiae comparetur. Atque adeo cum ea