XIX.
Vous pensez que nous supportons, comme vous, le poids des calamités publiques; mais vous voyez bien que notre conduite diffère de la vôtre. Chez vous, on ne voit qu’irritation, on n’entend que des clameurs et des plaintes; parmi nous on ne voit que la patience, forte et résignée, qui rend toujours grâces à Dieu. Elle ne compte sur aucune des joies et des prospérités (267) de ce monde; mais, douce et immobile au sein de la tempête, elle attend la réalisation des promesses divines. Tant que la vie anime notre corps, il doit partager la destinée des autres : tout est commun ici-bas, et la séparation ne s’opère qu’après cette vie. Une seule demeure renferme les bons et les méchants; tout ce qui arrive à l’intérieur les atteint sans distinction; mais à la fin, ils prendront des directions opposées, pour aller où à la mort éternelle où dans le sanctuaire de l’immortalité.
Ne nous croyez donc pas semblables à vous parce que, placés ici-bas avec un corps mortel, nous subissons les inconvénients du monde et de la chair. L’essence d’un châtiment consiste dans le sentiment de la douleur : puisque nous ne partageons pas vos douleurs, les châtiments qui tombent sur vous ne nous atteignent pas.
