Edition
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Vita Sancti Martini
22.
(1) Frequenter autem diabolus, dum mille nocendi artibus sanctum uirum conabatur inludere, uisibilem se ei formis diuersissimis ingerebat. Nam interdum in Iouis personam, plerumque Mercuri, saepe etiam se Veneris ac Mineruae transfiguratum uultibus offerebat: aduersus quem semper interritus signo se crucis et orationis auxilio protegebat. (2) Audiebantur plerumque conuicia, quibus illum turba daemonum proteruis uocibus increpabat: sed omnia falsa et uana cognoscens non mouebatur obiectis. (3) Testabantur etiam aliqui ex fratribus, audisse se daemonem proteruis Martinum uocibus increpantem, cur intra monasterium aliquos ex fratribus, qui olim baptismum diuersis erroribus perdidissent, conuersos postea recepisset, exponentem crimina singulorum: (4) Martinum diabolo repugnantem respondisse constanter, antiqua delicta melioris uitae conuersatione purgari, et per misericordiam Domini absoluendos esse peccatis, qui peccare desierint. Contra dicente diabolo, non pertinere ad ueniam criminosos, et semel lapsis nullam a Domino praestari posse clementiam, tunc in hanc uocem fertur exclamasse Martinus: (5) si tu ipse, miserabilis, ab hominum insectatione desisteres et te factorum tuorum uel hoc tempore, cum dies iudicii in proximo est, paeniteret, ego tibi uere confisus in Domino Jesu Christo misericordiam pollicerer. O quam sancta de Domini pietate praesumptio, in qua etsi auctoritatem praestare non potuit, ostendit affectum. (6) Et quia de diabolo eiusdemque artibus sermo exortus est, non ab re uidetur, licet extrinsecus, referre quod gestum est, quia et quaedam in eo Martini uirtutum portio est et res digna miraculo recte memoriae mandabitur, in exemplum cauendi, si quid deinceps uspiam tale contigerit.
Traduction
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Vie de Saint Martin
XXII.
--- Le démon, usant de mille artifices pour tromper le saint homme, se présentait fréquemment à lui sous les formes les plus variées, quelquefois sous celle de Jupiter, la plupart du temps sous celle de Mercure, et même souvent de Vénus ou de Minerve. Martin luttait intrépidement contre lui, soutenu par le signe de la croix et la prière. On entendait très souvent dans sa cellule une troupe de démons l'insulter grossièrement ; mais, sachant que tout cela n'était qu'illusion et mensonge, il ne s'en inquiétait nullement. Quelques-uns des frères attestent qu'ils ont entendu le démon reprocher à Martin, d'une manière injurieuse, d'avoir introduit dans le monastère des frères qui avaient perdu la grâce du baptême en tombant dans diverses erreurs, de les avoir reçus après leur conversion ; et en même temps le malin esprit énumérait leurs crimes. Martin, lui résistant toujours, répondait que les anciennes fautes sont effacées par une vie meilleure, et que, comptant sur la miséricorde du Seigneur, l'Église doit absoudre ceux qui renoncent à leurs péchés. Le démon osa le contredire, prétendit que les pécheurs ne peuvent obtenir leur pardon, et que le Seigneur n'a aucune indulgence, pour ceux qui une fois sont tombés. Alors Martin s'écria : « Si toi-même, misérable que tu es, tu cessais de tenter les hommes et si tu faisais pénitence de tes crimes, même en ce moment que le jour du jugement est proche, me confiant dans le Seigneur Jésus, je te promettrais miséricorde. » Oh ! quelle sainte présomption de la miséricorde du Seigneur ! Si ces paroles de Martin ne peuvent faire autorité en cela ; elles montrent du moins la bonté de son cur. Puisque j'ai commencé à parler du diable et de ses artifices, quoique je semble m'éloigner ici de mon sujet, il ne sera cependant pas hors de propos de raconter le fait suivant, parce qu'il nous aidera à mieux connaître la puissance de Martin, et qu'il est bon de conserver la mémoire d'un fait si digne d'admiration, qui nous fera tenir sur nos gardes, si jamais quelque chose de pareil nous arrivait.