Edition
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Vita Sancti Martini
5.
(1) Exinde relicta militia sanctum Hilarium Pictauae episcopum ciuitatis, cuius tunc in Dei rebus spectata et cognita fides habebatur, expetiit et aliquamdiu apud eum commoratus est. (2) Temptauit autem idem Hilarius inposito diaconatus officio sibi eum artius inplicare et ministerio uincire diuino. Sed cum saepissime restitisset, indignum se esse uociferans, intellexit uir altioris ingenii, uno eum modo posse constringi, si id ei officii imponeret, in quo quidam locus iniuriae uideretur: itaque exorcistam eum esse praecepit. Quam ille ordinationem, ne despexisse tamquam humiliorem uideretur, non repudiauit. (3) Nec multo post admonitus per soporem, ut patriam parentesque, quos adhuc gentilitas detinebat, religiosa sollicitudine uisitaret, ex uoluntate sancti Hilari profectus est, multis ab eo obstrictus precibus et lacrimis ut rediret. Maestus, ut ferunt, peregrinationem illam ingressus est, contestatus fratribus, multa se aduersa passurum: quod postea probauit euentus. (4) Ac primum inter Alpes deuia secutus incidit in latrones. Cumque unus securi eleuata in caput eius librasset ictum, ferientis dexteram sustinuit alter: uinctis tamen post tergum manibus uni adseruandus et spoliandus traditur. Qui cum eum ad remotiora duxisset, percontari ab eo coepit, quisnam esset. Respondit Christianum se esse. (5) Quaerebat etiam ab eo an timeret. Tum uero constantissime profitetur, numquam se tam fuisse securum, quia sciret misericordiam Domini maxime in temptationibus adfuturam: se magis illi dolere, qui Christi misericordia utpote latrocinia exercens esset indignus. (6) Ingressusque euangelicam disputationem uerbum Dei latroni praedicabat. Quid longius morer? Latro credidit prosecutusque Martinum uiae reddidit, orans ut pro se Dominum precaretur. Idemque postea religiosam agens uitam uisus est, adeo ut haec, quae supra rettulimus, ex ipso audita dicantur.
Traduction
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Vie de Saint Martin
V.
--- Dans la suite, ayant quitté le service, Martin se rendit auprès de saint Hilaire, évêque de Poitiers ; homme dont la foi vive était connue et admirée de tout le monde ; il y resta quelque temps. Hilaire voulut le faire diacre pour se l'attacher plus étroitement et le consacrer au service des autels ; mais Martin avait souvent refusé, disant hautement qu'il en était indigne. Hilaire, dans sa sagesse, vit bien qu'il ne se l'attacherait qu'en lui conférant un emploi ; dans lequel il semblerait ne pas lui rendre justice ; il voulut donc qu'il fût exorciste. Martin ne refusa point cet ordre, de peur de paraître le mépriser, à cause de son infériorité. Quelque temps après, Dieu lui ayant ordonné en songe d'aller dans sa patrie visiter ses parents encore païens, pour s'occuper de leur conversion avec une pieuse sollicitude, saint Hilaire lui accorda la permission de s'éloigner ; mais, à force de prières et de larmes, il obtint de lui la promesse de revenir. Il était plein de tristesse, dit-on, quand il entreprit ce voyage, et il assura à ses frères qu'il y aurait beaucoup à souffrir : ce qui arriva effectivement. S'étant d'abord égaré dans les Alpes, il rencontra des voleurs ; l'un d'eux le menaça d'une hache qu'il brandissait au-dessus de sa tête, un autre détourna le coup ; on lui lia ensuite les mains derrière le dos, et il fut livré à l'un de ces brigands pour être gardé et dépouillé. Ce voleur le conduisit dans un endroit plus retiré encore, et lui demanda qui il était. « Je suis chrétien, » répondit Martin ; il lui demanda ensuite s'il avait peur ; Martin répondit alors avec courage qu'il n'avait jamais été plus tranquille, parce qu'il savait que la miséricorde du Seigneur ne lui ferait jamais défaut, surtout dans les épreuves, et que c'était plutôt lui qu'il plaignait, puisque le brigandage auquel il se livrait le rendait indigne de la miséricorde de Dieu. Puis, commençant à développer la doctrine de l'Évangile ; il prêcha au voleur la parole de Dieu. Qu'ajouter à cela ? Le voleur crut en Jésus-Christ, accompagna Martin qu'il remit dans son chemin, en se recommandant à ses prières. Dès lors il mena, dit-on, une vie sainte, et l'on croit même que c'est de sa bouche que l'on a recueilli les détails précédents.