18.
L'ABBÉ SÉRAPION. Tout le monde s'accorde à dire qu'il y a huit vices principaux, qui attaquent les religieux. Si l'Écriture ne nomme pas toutes les nations qui les figuraient, c'est que Moïse, ou plutôt Dieu par Moïse, parle dans le Deutéronome (VII), aux Israélites qui étaient déjà délivrés d'une nation puissante, c'est-à-dire des Égyptiens. Ainsi cette figure s'applique plus particulièrement à nous, qui sommes affranchis des liens du siècle, et qui ne sommes plus exposés, par conséquent, aux tentations de l'intempérance. Nous n'avons donc plus que sept peuples à combattre, puisque nous ne devons plus compter ce-lui qui est déjà vaincu. Cette terre de l'Égypte n'est pas donnée en partage à Israël; car le Seigneur lui ordonne, au contraire, d'en sortir et de ne jamais y retourner. C'est pour nous apprendre à modérer nos jeûnes, de manière à n'être pas obligés, par des excès d'abstinence, à revenir en Égypte, c'est-à-dire à désirer à cause de notre faiblesse, les viandes et les repas auxquels nous avions renoncé en quittant le monde. C'est ce qui arrive à ceux qui sont entrés dans la solitude des vertus, et qui soupirent encore après les aliments dont ils se nourrissaient en Égypte. (Nomb., XI.)