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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
PREMIÈRE CONFÉRENCE DE CASSIEN APEC L'ABBÉ MOYSE : DE LA VIE RELIGIEUSE

14.

Tout homme vivant dans son corps doit penser qu'il appartiendra un jour à la religion, au royaume dont il se sera fait le serviteur, le sujet pendant cette vie. Nous serons dans l'éternité le compagnon du roi que nous aurons choisi ; car, dit le Seigneur, « celui qui me sert me suivra, et là où je serai, sera mon serviteur. » (S. Jean, XII, 26.) On obtient le royaume du démon par le péché, et le royaume de Dieu par la pratique des vertus, la pureté du coeur, et la science divine. Le royaume de Dieu donne nécessairement la vie éternelle, et le royaume du démon cette mort et cet enfer, où il est impossible de louer Dieu, selon cette parole du Prophète : « Les morts ne vous loueront pas, ni tous ceux qui tombent en enfer, c'est-à-dire dans le péché; mais nous qui vivons, non pas dans le vice et dans le monde, mais en Dieu, nous bénissons le Seigneur, et jusque dans l'éternité. » (Ps. CXIII, 47.) «Nul ne se souvient de Dieu dans la mort. Qui pourrait bénir le Seigneur dans l'enfer du péché?» (Ps. VI, 6.) Ainsi, celui qui pèche, ne peut louer le Seigneur, quand même il se dirait mille fois chrétien ou religieux. Celui qui fait ce que le Seigneur déteste, oublie Dieu, et il ne peut se prétendre son serviteur, lorsqu'il méprise avec audace ses commandements. C'est cette mort dont l'Apôtre parle, lorsqu'il dit : « Cette veuve plongée dans les délices paraît vivre, et elle est morte. » ( I Tim., V, 6.)

Il y en a beaucoup qui vivent dans leur corps et qui sont morts, qui sont ensevelis dans cet enfer où ils ne peuvent louer Dieu.

Il y en a qui, au contraire, sont séparés de leur corps et qui bénissent et louent le Seigneur, selon cette parole : « Bénissez le Seigneur, esprits et âmes des justes » (Daniel, III, 57), et que tout esprit loue le Seigneur.» (Ps. CL, 6.) Dans l'Apocalypse il est dit « que non-seulement les âmes de ceux qui sont tués louent Dieu, mais lui adressent aussi de ferventes prières. » (Apoc., VI, 9.) Et Notre-Seigneur le dit encore plus clairement, dans l'Évangile, aux sadducéens : « N'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit autrefois : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » (S. Matth., XXII, 32.) Ceux-là vivent donc pour lui: « C'est pour cela, dit l'Apôtre, que Dieu ne craint pas de s'appeler leur Dieu; car il leur a préparé une cité. » (Héb., XI, 15.) Après sa séparation du corps, l'âme ne devient pas morte et insensible. Nous en avons la preuve dans la parabole du pauvre Lazare, et du riche couvert de pourpre. L'un est heureux et jouit du repos dans le sein d'Abraham, tandis que l'autre est dévoré par les flammes d'un feu éternel. (S. Luc, XVI, 20, 25.) Notre-Seigneur dit au bon larron : a Vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis. (S. Luc, XXIII, 43.) N'est-ce pas une preuve que non-seulement nos âmes conservent leurs facultés, mais qu'elles changent d'état, selon leurs mérites et leurs oeuvres. Dieu ne lui eût jamais fait cette promesse, si son âme, après la séparation de son corps, eût dû être privée de tout sentiment, et re-tourner dans le néant. Ce n'était pas sa chair, mais son âme qui devait entrer dans le paradis avec le Christ.

Il faut bien éviter ici et avoir en horreur cette distinction des hérétiques, qui prétendent que Notre-Seigneur n'a pas pu le même jour descendre aux enfers, et se trouver dans le paradis. Ils interprètent sa parole en la séparant : « Je vous dis aujourd'hui, en vérité, que vous serez avec moi dans le paradis, » et y voient une promesse qui ne doit pas s'accomplir sur-le-champ, après sa mort, mais seulement après sa résurrection. Ils ne comprennent pas qu'avant le jour de sa résurrection, notre Sauveur disait aux Juifs, qui le croyaient soumis, comme eux-mêmes, aux lois et aux infirmités de la chair : « Personne ne monte au ciel que Celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'Homme qui est dans le ciel. » (S. Jean, III, 13.) N'est-il pas manifeste que les âmes des morts ne sont pas privées de leurs facultés, et qu'elles ne sont pas insensibles à l'espérance et à la constance, à la joie ou à la crainte? Ce qu'elles éprouvent maintenant n'est qu'un avant-goût de ce qui leur est réservé après le jugement, et c'est une erreur de croire qu'elles retourneront au néant, tandis qu'elles vivront davantage, et pourront louer Dieu plus parfaitement. Si, sans nous arrêter aux témoignages de l'Écriture, nous étudions la nature de l'âme, autant que nous le permet la faiblesse de notre intelligence, ne trouverons-nous pas que c'est sottise et folie de s'imaginer que la partie la plus précieuse de l'homme, celle qui est, selon l'Apôtre, l'image et la ressemblance de Dieu (I. Cor., XI, 7. Coloss. III , 10) , devient insensible en déposant le fardeau du corps, lorsque c'est elle-même qui est le principe de la raison, et qui rend sensible, par sa présence, la chair insensible et morte par elle-même? N'est-il pas évident, au contraire, que l'âme délivrée de la chair qui l'accable maintenant, possède des facultés plus puissantes et plus parfaites, au lieu de les perdre. Saint Paul en était bien persuadé, lorsqu'il désirait être séparé de son corps, pour s'attacher plus intimement à Dieu. « Je désire mourir pour être avec le Christ; cela me sera meilleur, puisque tant que nous sommes dans notre corps, nous gommes éloignés de Dieu. C'est pourquoi nous aimons mieux nous séparer de notre corps et nous rapprocher Dieu; car, absents ou présents, nous voulons lui plaire. » (II Cor., V, 9.) Ainsi, tant que l'âme est dans le corps, elle est dans l'exil, dans l'absence du Christ.

L'Apôtre parle encore plus clairement de ce redoublement de vie dans les âmes, lorsqu'il dit: « Mais vous vous êtes approché de la montagne de Sion , qui est la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, l'assemblée d'une multitude innombrable d'anges, l'Église des premiers inscrits dans le ciel et des justes qui sont dans la gloire. » (Hébr., XII, 22.) Et dans un autre passage, il dit, en parlant de ces esprits : Si nous avions du respect pour les pères de notre corps qui nous châtiaient, combien maintenant devons-nous obéir au Père des âmes, afin qu'il nous donne la vie ! ( Ibid., 9.)

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Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

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