1.
Après avoir fait ce qu'exigeait la solennité du dimanche, et lorsque les fidèles eurent quitté l'église, nous retournâmes à la cellule du saint vieillard, qui nous traita magnifiquement; car, au lieu de la saumure qu'il employait tous les jours à ses repas, en y ajoutant une goutte d'huile, il nous servit un autre assaisonnement, où il mit un peu plus d'huile que d'habitude. L'intention des solitaires, en prenant cette goutte d'huile, n'est pas de flatter leur palais, car ils la sentent à peine lorsqu'ils mangent; mais ils veulent éviter l'orgueil qui se glisse insensiblement au milieu des austérités extraordinaires, et qui enfle le coeur. Plus l'abstinence s'exerce secrètement et loin du regard des hommes , plus le démon nous tente de vanité subtilement.
Il nous présenta ensuite trois olives cuites dans le sel, puis une corbeille contenant des pois chiches frits qui représentaient les pâtisseries. Nous en primes cinq, avec deux pommes et une figue; car ce serait une faute dans ce désert de dépasser ce nombre. Lorsque le repas fut fini, nous priâmes l'abbé Serenus de nous donner les explications qu'il nous avait promises. Veuillez, dit-il, répéter la question que nous devons examiner aujourd'hui.