17.
L'ABBÉ MOYSE. Il est impossible à l'âme de ne pas être tourmentée par ces pensées; mais elle peut les combattre et les repousser avec la grâce de Dieu. Leur naissance ne dépend pas de nous; mais il dépend de nous d'y consentir, de les accepter. S'il nous est impossible de leur fermer nos âmes, nous ne sommes pas forcés de céder à leur attaque et à leurs tentations, sans cela nous perdrions notre libre arbitre, et nous n'aurions aucun moyen de nous corriger. Aussi dépend-il beaucoup de nous d'en modifier la nature, et de développer dans nos coeurs des pensées pieuses et saintes, ou des pensées terrestres et charnelles. Les bonnes lectures et la méditation des Écritures servent à remplir de Dieu notre mémoire, et le chant continuel des psaumes entretient la componction de notre coeur. Nous employons sans cesse les veilles, les jeûnes et la prière, pour que notre âme purifiée ne s'attache pas aux choses de la terre, mais à celles du ciel; et dès que nous négligeons ces moyens, notre esprit contracte nécessairement de mauvaises habitudes, et s'abandonne bientôt à la pente de ses passions.