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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
ONZIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ CHOEREMON : DE LA PERFECTION

13.

Celui qui sera affermi dans cette perfection de la charité , devra s'élever à un degré plus sublime, qui est la crainte de la charité; non plus cette crainte qui vient de la frayeur des supplices ou du désir des récompenses , mais celle qui vient de la grandeur de l'amour , la crainte du fils pour son bon père , du frère pour son frère, de l'ami pour son ami, de l'épouse pour son époux; une crainte qui ne redoute pas les mauvais traitements et les reproches, mais qui s'applique à éviter tout ce qui pourrait affaiblir en la moindre chose une mutuelle affection, non-seulement dans les paroles, mais encore dans les actions. Le prophète Isaïe exprime parfaitement la beauté de cette crainte, lorsqu'il dit : « Les richesses du salut sont la sagesse et la science ; la crainte du Seigneur en est le trésor. » (Isaïe, XXXIII , 6.) Il ne pouvait pas exprimer plus magnifiquement la grandeur et le mérite de cette crainte, puisqu'il dit que la sagesse et la science divines, qui sont les richesses de notre âme , ne peuvent être gardées que par cette crainte de Dieu. C'est à cette crainte que le Psalmiste invite, non pas les pécheurs, mais les saints , lorsqu'il dit : « Craignez le Seigneur, vous tous qui êtes saints , parce que rien ne manque à ceux qui le craignent. » (Ps. XXXIII , 10.) Celui qui craint Dieu de cette manière est certainement arrivé à la perfection. C'est évidemment de la crainte servile que parle l'apôtre saint Jean , lorsqu'il dit : « Celui qui craint n'a pas la perfection de la charité, car la crainte est une peine. » (S. Jean , IV, 18.)

Il y a une grande distance entre cette crainte à laquelle rien ne manque, et qui est le trésor de la sagesse et de la science, et cette crainte imparfaite qui est le commencement de la sagesse , qui ressent encore une peine, et qu'éloigne du cœur des parfaits la plénitude de la charité : « Car la crainte n'est pas dans la charité, et la charité parfaite chasse la crainte. » (Ibid.) Et en effet, si le commencement de la sagesse est dans la crainte, où sera sa perfection, si ce n'est dans la charité du Christ, qui renferme en elle cette autre crainte parfaite de l'amour, appelée, non pas le commencement , mais le couronnement de la sagesse et de la science? Ainsi donc il y a deux sortes de crainte , celle des commençants qui tremblent encore servilement sous le joug, et dont il est dit : « Le serviteur craindra son maître » (Malach., 1, 6) ; et dans l'Évangile : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître » (S. Jean, XV, 15); « Le serviteur ne reste pas toujours dans la maison. » (S. Jean, VIII, 35.) Il nous invite ainsi à passer de la crainte servile à la pleine liberté de la charité, à la confiance des amis et des enfants de Dieu.

Saint Paul, qui s'était élevé au-dessus de cette crainte servile, par la vertu de la charité divine , méprise en quelque sorte ce degré inférieur, et reconnaît avoir reçu du Seigneur des dons plus parfaits : « Car, dit-il , Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte , mais un esprit de vertu, d'amour et de sagesse. » (II Tim., I, 7.) Et c'est pour cela qu'il exhorte ceux qui brûlaient d'amour pour leur Père céleste , et qui de serviteurs devenaient enfants par l'adoption divine : « Car, disait-il, vous n'avez pas reçu un esprit de servitude dans la crainte , mais vous avez reçu l'esprit d'adoption des enfants qui nous fait crier : Père, Père.» (Rom., VIII , 15.) C'est de la crainte parfaite que parle le Prophète, lorsqu'il énumère les sept dons du Saint-Esprit, qui doivent remplir l'Homme-Dieu , au moment de son incarnation : « L'esprit du Seigneur , dit-il , reposera sur lui , l'esprit de sagesse et. d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété, » et il ajoute comme complément de ces dons, « et l'esprit de la science du Seigneur le remplira. » (Isaïe, XI, 2.) Remarquez qu'il ne dit pas comme des autres, l'esprit de la crainte du Seigneur reposera sur lui , mais l'esprit de la crainte du Seigneur le remplira. C'est que la puissance de cette vertu est si grande qu'elle occupe , non-seulement une partie de l'âme , mais qu'elle la possède tout entière.

Peut-il en être autrement , puisque , étant inséparable de la charité qui ne cesse jamais , non-seulement elle remplit , mais encore elle anime sans cesse le cœur dont elle s'est emparée, sans le laisser affaiblir par les joies passagères et les plaisirs de la volupté, tandis que la crainte servile, qu'elle a chassée, n'en préserve pas toujours? C'est donc de cette crainte parfaite qu'a été rempli l'Homme-Dieu, qui, non-seulement venait racheter le genre humain , mais lui offrir le type de la perfection et l'exemple de toutes les vertus : « Celui qui était véritablement le Fils de Dieu, ne pouvait connaître la crainte servile et redouter les châtiments; car il ne connut point le péché, et la ruse ne fut jamais dans sa bouche. » (I S. Pierre., II, 22.)

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