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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
DOUZIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ CHOEREMON : DE LA CHASTETÉ

12.

Ces grâces que l'ineffable bonté de Dieu accorde à ses fidèles serviteurs dans leurs vases de corruption, sont grandes et admirables; et ceux qui les éprouvent peuvent seuls les comprendre. Le Prophète qui les connut en lui et dans les autres, à la clarté de son esprit purifié, s'écrie : « Seigneur, vos oeuvres sont admirables, et mon âme en est dans le ravissement.» (Ps. CXXXVIII,14.) Le Prophète n'eût rien dit de nouveau et de grand, s'il eût seulement parlé des autres oeuvres de Dieu ; car quelqu'un pourrait-il ne pas admirer les oeuvres de Dieu dans la grandeur de ses créatures? Mais il est des choses qu'il fait tous les jours dans ses saints, avec une munificence particulière , et il n'y a que les âmes qui en jouissent, qui les connaissent dans le secret de leur conscience , et elles ne trouvent plus d'images et de paroles pour les rendre , lorsqu'elles ne ressentent plus l'ardeur qui les ravissait et qu'elles redescendent à leurs pensées matérielles et terrestres.

Qui n'admirerait les miracles de Dieu en lui-même, lorsque, après avoir éprouvé cette avidité insatiable des sens , ces recherches de la gourmandise et ces convoitises de la chair, il s'en trouve délivré, et qu'il ne prend plus qu'à regret une nourriture insuffisante et grossière? Qui ne serait pas surpris des oeuvres de Dieu , lorsqu'il voit le feu de la passion qu'il rie croyait jamais pouvoir éteindre , tellement refroidi qu'il n'en ressent plus la moindre impression dans son corps. Qui ne tremblerait pas devant la puissance divine, en voyant des hommes si colères et si farouches, que la soumission même et les louanges de leurs semblables excitaient leur fureur, devenir cependant si doux, que non-seulement ils restent insensibles à toutes les injures, mais qu'ils s'en réjouissent même? Qui n'admirerait les oeuvres de Dieu, et ne s'écrierait de tout son coeur : « Oui, je reconnais que le Seigneur est grand » (Ps. CXXXIV, 5), lorsqu'il voit en lui ou dans les autres l'avare devenir généreux, le débauché chaste, l'orgueilleux humble, et celui qui était délicat et recherché, accepter ce qui est pénible et grossier, et préférer à tout les besoins de la pauvreté. Ce sont là ces merveilles de Dieu que l'âme du Prophète considère, avec tous ceux qui se sont élevés comme lui à une haute contemplation, lorsqu'il réclame l'admiration de tous les peuples : « Venez et voyez les oeuvres du Seigneur, les prodiges qu'il a fait sur la terre. Il a fait cesser les combats jusqu'aux extrémités de la terre; il rompra l'arc, il brisera les armes et brûlera les boucliers. » (Ps. XLV, 9.)

Quel plus grand prodige que de voir en un instant des publicains avides devenir des apôtres, et des persécuteurs cruels se changer en prédicateurs, patients de l'Évangile, et propager au prix de leur vie la foi qu'ils persécutaient ! Ces oeuvres de Dieu, Notre-Seigneur nous assure qu'il les fait tous les jours avec son Père: « Mon Père fait encore ces oeuvres, et je les fais avec lui. » (S. Jean, V, 17.) Ce sont ces oeuvres que David célébrait à l'avance, lorsqu'il disait : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui fait seul de semblables prodiges. » (Ps. LXXI, 18.) Le prophète Amos disait aussi : « C'est lui qui fait tout, qui change tout, et qui rend l'ombre de la mort brillante comme la lumière du matin. » (Amos, V, 8.) « Ce sont là les changements de la droite du Très-Haut. » (Ps. LXXIV, 11.) Et le Prophète parle à Dieu, dans sa prière, de ces oeuvres ineffables, lorsqu'il dit : a Mon Dieu, confirmez ce que vous avez opéré en nous. » (Ps. LXVII, 29.)

Et sans parler ici de ces merveilles secrètes de la grâce divine, qui éclairent à chaque instant l'âme des saints, qui n'admirerait cette joie céleste qui remplit l'âme au moment où elle s'y attend le moins, et les élans subits du coeur qui passe tout à coup de l'engourdissement de la tiédeur, et comme du sommeil le plus profond à la prière la plus fervente et à des ravissements inconnus; à cette allégresse dont l'Apôtre a dit : « L'oeil ne l'a pas vu, l'oreille ne l'a pas entendu et le coeur de l'homme ne l'a pas éprouvé? » (I Cor., II , 9.) Oui, le coeur de l'homme qui est encore avili par les vices de la terre, et qui est enchaîné par les passions de la chair, ne peut rien apercevoir de ces faveurs divines, tandis que l'Apôtre et tous ceux qui sont comme lui, affranchis des liens du monde, peuvent dire : Pour nous, Dieu nous les a révélées par son Esprit.

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