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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
DIX-HUITIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ PIAMMON : DES DIFFÉRENTES SORTES DE RELIGIEUX

16.

Je vous ai cité cet exemple pour deux raisons : premièrement, pour qu'en voyant l'admirable constance de ce solitaire, et combien nos épreuves sont moindres que ne l'était la sienne, nous estimions davantage la paix de l'âme et la patience; secondement, pour que nous soyons bien persuadés que nous ne pouvons résister aux tentations et aux attaques du démon, si nous ne mettons pas notre patience et notre confiance dans les forces de l'homme intérieur, mais dans l'isolement de la cellule et de la solitude, dans nos rapports avec de saints religieux et dans quelque autre secours extérieur. Car si notre âme n'est pas protégée par la grâce de Celui qui a dit dans l'Évangile : « Le royaume de Dieu est en vous-mêmes » (S. Luc, XVII, 21), c'est en vain que nous espérons vaincre les piéges de l'ennemi par la société des hommes, les lieux et la retraite que nous auront choisis.

Rien de cela ne manquait au bienheureux Paphnuce, et cependant le tentateur a pu l'attaquer, malgré la clôture et la solitude où il vivait, malgré les saints personnages dont il était entouré ; mais ce fidèle serviteur de Dieu resta inébranlable, parce qu'au lieu de se confier dans les secours extérieurs , il mit toute son espérance en Celui qui juge le fond des coeurs. Celui, au contraire, que l'envie fit tomber dans une si grande faute, n'avait-il pas tous les avantages de la solitude, et de la société du bienheureux Isidore et des autres saints solitaires? et cependant le souffle du démon

ébranla et renversa même l'édifice qu'il avait bâti sur le sable. Ne cherchons donc pas notre repos dans les choses extérieures, et ne nous imaginons pas que noire impatience puisse être guérie par la patience des autres ; car « Si le royaume de Dieu est en nous-mêmes » (S. Luc, XVII , 21), « les ennemis de l'homme sont ses serviteurs. » (S. Matth., X, 36.)

Nous n'avons pas de serviteur plus intime et plus à craindre que notre propre sens. Si nous sommes vigilants à nous défendre contre nos ennemis intérieurs, nous serons en sûreté, et dès que nos serviteurs ne nous attaqueront pas, le règne de Dieu s'établira par la paix de notre âme. Car, faites-y bien attention, personne ne pourra nous blesser, si nous ne combattons contre nous-mêmes en perdant la paix, et nos blessures ne nous viendront pas des autres, mais de notre impatience. La nourriture solide qui sert à celui qui est en bonne santé est nuisible à celui qui est malade; c'est sa faiblesse qui peut la lui rendre dangereuse. Aussi, lorsqu'une tentation semblable nous éprouve parmi nos frères, ne nous troublons pas et ne nous laissons pas aller aux murmures et à la colère comme les gens du monde. Ne nous étonnons pas que les méchants et les indignes soient mêlés parmi les plus saints; car tant que nous serons battus et foulés sur l'aire de ce monde, il faut que le grain soit mêlé à la paille destinée aux flammes éternelles. Satan n'était-il pas avec les Anges, Judas avec les Apôtres, et l'hérésiarque Nicolas parmi les diacres de l'Église1? doit-on s'étonner de trouver des hommes pervers parmi les saints? Et quand même ce chef des Nicolaïtes ne serait pas un des diacres choisis par les Apôtres, il était toujours un de ces premiers disciples, qui étaient si parfaits qu'on en rencontre maintenant peu de semblables dans les monastères. Ne nous arrêtons pas à la chute déplorable de ce religieux qui commit une si grande faute dans la solitude, mais qui l'effaça ensuite dans les larmes abondantes de la pénitence. Admirons plutôt l'exemple du bienheureux Paphnuce; ne nous scandalisons pas de la chute de celui dont la sainte profession rendit l'envie plus coupable, mais imitons de toutes nos forces l'humilité de celui qui ne dut pas sa patience au désert, mais qui l'avait acquise parmi les hommes et qui la développa et la perfectionna dans la solitude.


  1. Nicolas était un des sept diacres choisis par les Apôtres. Saint Jérôme dit qu'il affligea l'Église par ses erreurs et se débauches (Ép. I, XLVIII). ↩

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Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
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