15.
Lorsque Notre-Seigneur appela Paul, et lui parla lui-même, il pouvait lui enseigner sur-le-champ la voie de la perfection ; mais il préféra l'adresser à Ananie, qui devait lui apprendre la vérité. « Lève-toi, lui dit-il, et entre dans la cité; on te dira ce qu'il faut faire. » (Act., IX, 7.) Il l'envoie à un ancien, et il reçoit la doctrine de lui, plutôt que de Notre-Seigneur lui-même, afin que ce qui se serait fait pour Paul, ne fût pas pour les chrétiens à venir une occasion de croire qu'il valait mieux écouter Dieu seul que de suivre la direction des supérieurs. L'Apôtre nous montre, non-seulement par ses écrits, mais par ses oeuvres et ses exemples, combien il faut détester cette coupable présomption; car il se rendit à Jérusalem, pour consulter les autres Apôtres qui l'avaient précédé dans la foi, lui qui avait reçu déjà la grâce du Saint-Esprit, et qui avait prêché l'Évangile aux nations, en faisant tant de miracles. « Et je conférai, dit-il, avec eux, de l'Évangile que j'annonce aux gentils, afin que, pour le passé ou l'avenir, ma prédication ne fût pas vaine. » (Galat., II, 2.) Qui sera assez présomptueux et assez aveugle pour se fier à son jugement et à sa prudence, lorsque ce vase d'élection déclare qu'il voulut consulter les autres Apôtres. Il est donc manifeste que Dieu ne montre pas la voie de la perfection à celui que quelqu'un peut instruire, et qui méprise la doctrine et les exemples des anciens, en tenant peu compte de ce précepte qu'il faut garder avec tant de soin: « Interroge ton père, qui t'enseignera, et tes anciens, qui t'instruiront. » (Deut., XXXII, 7.)