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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
DIX-NEUVIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ JEAN : DE LA VIE DE COMMUNAUTÉ ET DE LA SOLITUDE

14.

L'ABBÉ JEAN. Ceux qui cherchent sincèrement la guérison de leurs défauts, ne peuvent manquer de trouver des remèdes qui leur seront profitables. Il faut prendre pour cela les mêmes moyens qui ont servi à les découvrir. Nous avons dit que les solitaires peuvent avoir tous les vices qu'on a dans le monde; mais il faut reconnaître qu'ils possèdent aussi tous les moyens de s'en purifier et' d'avancer dans la vertu. Ainsi lorsqu'on s'aperçoit, aux signes que nous avons donnés, qu'on est sujet aux mouvements de l'impatience et de la colère, il faut s'exercer sans cesse à la vertu contraire. Il faut penser aux injures, aux violences, aux injustices de toutes sortes qui peuvent nous venir de la part des hommes, et habituer notre esprit à toutes ces épreuves qui réclament une humilité profonde. Il faut s'y préparer par une grande douceur de coeur et par une contrition sincère. En se rappelant tout ce que les saints et Notre-Seigneur ont souffert, en reconnaissant qu'on mérite d'en souffrir bien davantage, on se disposera à supporter tous les maux qui peuvent arriver.

Lorsque celui qui se sera ainsi exercé, devra assister à quelque réunion de frères, comme il arrive quelquefois aux plus grands solitaires, s'il remarque dans le secret de son coeur, quelque trouble pour des choses de peu d'importance, qu'il soit pour lui-même un censeur sévère; qu'il se rappelle ces graves injures qu'il voulait supporter, et qu'il s'adresse les plus durs reproches. Qu'il se dise : Voilà donc ta vertu ! Lorsque tu t'exerçais dans la solitude, tu t'imaginais pouvoir supporter avec patience tous les maux imaginables. Tu bravais les affronts les plus sanglants et les supplices les plus cruels. Tu croyais être toujours fort et calme dans la tempête. Comment cette invincible patience s'est-elle évanouie au moindre mot? Il te semblait que tu avais bâti sur un rocher si solide, et il a suffi d'un vent léger pour tout renverser. Que sont devenues ces paroles que tu chantais dans la paix, en attendant la guerre : « Je suis prêt et rien ne peut me troubler » ? (Ps. CXVIII, 60.) Tu disais avec le Prophète : « Éprouvez-moi, Seigneur, et tentez-moi ; brûlez mes reins et mon cœur. » (Ps. XXV, 2.) « Éprouvez-moi, Seigneur, et sondez mon cœur ; interrogez-moi; examinez mes pas, et voyez si je marche dans l'iniquité. » (Ps. CXXXVIII , 23.) Comment tous ces préparatifs de combat ont-ils été détruits par cette petite ombre de l'ennemi?

Qu'en se condamnant ainsi lui-même, le solitaire ne laisse pas le trouble de son âme impuni, mais qu'il châtie sa chair par des jeûnes plus sévères et de plus longues veilles; qu'il expie, par une austérité plus grande, cette susceptibilité coupable, et qu'il déracine dans le désert, ces défauts dont il aurait dû se purifier dans la vie de communauté. Pour acquérir cette patience inaltérable et la préserver de toute atteinte, il faut penser que la loi de Dieu nous ordonne, non-seulement de ne pas nous venger des injures, mais de ne pas même nous en souvenir, afin d'éviter ainsi tout trouble et toute colère. Qu'y a-t-il de plus pernicieux pour l'âme que de se laisser aveugler par l'emportement, que de perdre la clarté de la lumière éternelle, et de ne plus contempler Celui qui est doux et humble de cœur? Je vous le demande, quoi de plus triste et de plus déplorable que d'oublier toute règle et toute mesure de justice et de prudence, et de voir un être raisonnable et sobre faire des choses qu'on n'excuserait pas dans un homme ivre ou privé de sens? Quiconque pèsera bien ces tristes conséquences supportera facilement, non-seulement tous les malheurs qui lui arriveront, mais encore toutes les injures et toutes les violences que ses ennemis les plus acharnés pourront lui faire, parce qu'il pensera qu'il n'y a rien de plus nuisible au monde que la colère, et de plus précieux que le calme de l'esprit et la pureté du coeur. Nous devons renoncer, non-seulement aux biens temporels, mais encore aux avantages spirituels qu'on ne peut acquérir et conserver sans perdre la paix de l'âme.

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Commentaires sur cette œuvre
Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

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