16.
Il faut donc faire tous nos efforts pour acquérir, par la vertu de l'humilité, le trésor de la discrétion, qui nous préservera de toute exagération. Un ancien proverbe dit que « les extrêmes se touchent. » L'excès du jeûne conduit au même résultat que la gourmandise, et les veilles excessives du religieux lui nuisent comme l'abus du sommeil. Trop d'abstinence affaiblit le corps, comme trop de négligence; et nous avons vu souvent ceux qui avaient résisté à la gourmandise, tellement abattus par leurs jeûnes immodérés, qu'ils tombaient par faiblesse dans le vice qu'ils avaient jusqu'alors évité. Des veilles trop prolongées ont aussi renversé ceux que le sommeil n'avait pu vaincre. « C'est pourquoi, selon l'Apôtre, il faut avec les armes de la justice résister à droite et à gauche (II Cor., VI, 7), et passer tellement entre les deux extrêmes, au moyen de la discrétion, que nous ne quittions pas le sentier tracé de la continence, et que nous ne nous laissions pas aller par le relâchement aux convoitises de l'intempérance.