9.
Il me semble qu'on peut comparer les saints qui pensent toujours à Dieu, en s'élevant au-dessus de la terre , à ces hommes qui marchent sur une corde tendue, et qui craignent pour leur vie si leurs pieds s'écartent de la ligne qui les porte. Le moindre oubli, la moindre hésitation peut les perdre. C'est avec un art étonnant qu'ils se soutiennent en l'air, et s'ils ne suivent pas exactement ce chemin si étroit pour leurs pieds, la terre, qui est le soutien naturel de l'homme, sera la cause de leur perte, non pas parce qu'elle change de nature, mais parce qu'ils y tombent de tout le poids de leur corps. Dieu aussi , dans son infinie bonté et son immuable substance, ne blesse personne; mais lorsque nous quittons les choses célestes pour tendre aux choses inférieures, nous sommes cause de notre malheur, car notre chute peut entraîner notre mort. N'est-il pas dit : « Malheur à eux, parce qu'ils se sont retirés de moi. Ils seront exterminés, parce qu'ils m'ont offensé » (Osée, VII, 13); et encore : « Malheur à ceux dont je me retirerai » (Osée, IX, 12) ; « car votre malice vous condamnera et votre éloignement vous accusera. Apprenez et voyez combien il est pénible et amer d'avoir abandonné le Seigneur votre Dieu le (Jér., II, 29) ; « car chacun est enchaîné par les liens de ses péchés. » (Prov., V, 22.) C'est à ceux-là que s'adresse ce reproche du Seigneur : «Vous tous qui allumez le feu et qui vous environnez de flammes, marchez à la lumière de ce feu et dans les flammes que vous avez allumées » (Isaïe, L, 11); et encore : « Celui qui allume le feu de la malice y périra. » (Prov., XIX, 9.)