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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
TROISIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ PAPHNUCE : DES TROIS RENONCEMENTS

10.

En abandonnant ces richesses visibles de la terre, nous ne quittons pas des biens qui nous soient propres, mais des biens qui nous sont étrangers, lors même que nous pouvons nous glorifier de les avoir acquis par notre travail ou reçus en héritage de nos parents; car, comme je l'ai dit, rien n'est à nous que ce que notre coeur possède, ce qui tient à notre âme, sans que personne puisse nous l'enlever. Notre-Seigneur s'adresse à ceux qui s'attachent à ces richesses, comme si elles leur appartenaient, et qui ne veulent pas en faire part aux pauvres, lorsqu'il dit : « Si vous n'êtes pas fidèles dans les choses étrangères, qui vous donnera ce qui est à vous? » (S. Luc, XVI, 12.) Ainsi, ce n'est pas seulement l'expérience de tous les jours, c'est la parole de Dieu qui nous montre que ces sortes de biens ne sont pas véritablement à nous. Saint Pierre parle des richesses mauvaises, lorsqu'il dit à Notre-Seigneur : « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre; qu'aurons-nous maintenant?... » (S. Matth., XIX, 27.) Ils n'avaient quitté cependant que des filets rompus et de peu de valeur; mais ils avaient aussi renoncé à tous les vices, ce qui est une belle et grande chose; et sans ce sacrifice les Apôtres n'auraient quitté rien de précieux pour suivre le Sauveur; ils n'auraient pas mérité cette gloire de la béatitude que leur promettait cette parole : « Lorsqu'à la résurrection, le Fils de l'homme siégera sur le trône de sa majesté, vous serez assis sur douze sièges pour juger les douze tribus d'Israël. » (Ibid , 28.)

Si donc ceux qui abandonnent réellement ces biens visibles et périssables, ne peuvent pas cependant, pour certaines causes, arriver à la charité des Apôtres, et atteindre par leurs efforts ce troisième degré de renoncement connu de si peu de personnes, que doivent penser d'eux-mêmes ceux qui ne pratiquent pas le premier degré, pourtant si facile, ceux qui gardent les souillures de leurs anciennes richesses , et se glorifient dans leur infidélité du vain nom de religieux?

Ainsi le premier renoncement aux choses étrangères ne suffit pas pour acquérir la perfection; il faut encore parvenir au second, qui est le renoncement aux choses qui nous appartiennent véritablement; et c'est quand nous aurons quitté tous les vices que nous arriverons au troisième, qui est le plus élevé. Non-seulement alors nous mépriserons tout ce qui se fait dans le monde, tout ce que les hommes possèdent, mais encore nous regarderons comme des choses vaines et passagères, l'immensité des éléments et les magnificences de la nature. « Nous ne considérerons plus , comme dit l'Apôtre, les choses visibles, mais les choses invisibles; car les choses visibles sont temporelles, et les choses invisibles éternelles. » (II Cor., IV, 18.) Nous mériterons d'entendre ce qui fut dit à Abraham : « Viens dans la terre que je te montrerai. » (Gen., XII, 1.)

C'est en accomplissant avec ardeur les trois renoncements qu'on en obtient la récompense; c'est-à-dire qu'on mérite d'entrer dans cette terre promise où ne poussent jamais les ronces et les épines du vice. On en jouit en cette vie, dès que le coeur est purifié de toute passion. Ce n'est pas la vertu et le travail de l'homme qui la font découvrir; mais Dieu promet de nous la montrer, puisqu'il dit : « Viens dans la terre que je te montrerai. » C'est-à-dire, tu ne peux la connaître par toi-même, tes efforts ne pourraient la découvrir ; mais moi je la montrerai à celui qui l'ignore et qui ne la cherche même pas. Reconnaissons donc que c'est l'inspiration de Dieu qui nous fait courir dans la voie du salut, et que c'est son enseignement et la lumière qui nous conduisent à la perfection et au vrai bonheur1.

Après nous avoir instruits de la sorte, l'abbé Paphnuce nous congédia , et nous quittâmes la cellule un peu avant le milieu de la nuit, le coeur plus touché que joyeux. Nous nous imaginions avant cette conférence qu'en nous appliquant avec soin à pratiquer exactement le premier degré de renoncement, nous atteindrions le sommet de la perfection, et nous commencions à comprendre que nous n'avions pas même encore une idée élevée de la vie religieuse. On nous avait bien parlé dans les monastères du second renoncement; mais il n'avait été jamais question du troisième, qui surpasse de beaucoup les deux premiers, et qui contient seul la vraie perfection.


  1. Les derniers chapitres de cette conférence contiennent des doctrines fausses sur la grâce; nous les avons supprimés. ↩

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