11.
Ainsi, la chair, dans ce texte, ne signifie pas l'homme, la substance de l'homme, mais la volonté de la chair et ses désirs déréglés; l'esprit ne signifie pas non plus la substance de l'âme, mais ses bonnes et saintes aspirations. C'est évidemment dans ce sens que l'Apôtre s'exprime, lorsqu'il dit : « Marchez selon l'esprit, et n'accomplissez pas les désirs de la chair; car la chair a des désirs contre l'esprit, et l'esprit contre la chair; ils combattent ensemble de telle manière, que vous ne faites pas ce que vous voulez. » (Gal., V, 17.) Et comme ces deux sortes de désirs, ceux de la chair et de l'esprit, sont à la fois dans l'homme, il en résulte pour nous une guerre intérieure de tous les jours. La concupiscence de la chair qui nous porte au mal , nous fait trouver nos délices dans la possession des choses présentes; tandis que l'esprit résiste à la chair, et désire s'appliquer tellement aux choses spirituelles, qu'il voudrait se passer même de ce qui est nécessaire à son corps, et ne lui donner aucun des soins que demande sa faiblesse. La chair se plaît dans le plaisir et la volupté; l'esprit en repousse jusqu'aux simples désirs. La chair aime le sommeil et l'abondance; l'esprit, les veilles et les jeunes : il voudrait ne pas laisser son corps dormir et manger autant qu'il en aurait besoin. La chair désire faire de bons repas; l'esprit se contente d'un peu de pain tous les jours. La chair se plaît à prendre des bains et à se voir entourée de flatteurs; l'esprit, au contraire, aime ce qui est grossier et la solitude profonde des déserts; il fuit la présence de tous les hommes. La chair ambitionne les honneurs et la louange; l'esprit se réjouit, au contraire, des persécutions et des injures.