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Œuvres Jean Cassien (360-435) Collationes patrum Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
QUATRIÈME CONFÉRENCE DE CASSIEN AVEC L'ABBÉ DANIEL : DE LA CONCUPISCENCE DE LA CHAIR ET DE L'ESPRIT.

19.

L'ABBÉ DANIEL. Il y a, selon la sainte Écriture, trois états de l'âme : l'état charnel, l'état animal, et l'état spirituel. (S. Aug., lib. LXXXIII, quest. 4, 67.) L'Apôtre nous les indique tous les trois. Il dit de l'état charnel : « Je vous ai donné du lait à boire et non pas une nourriture solide, parce que vous n'étiez pas capables de la supporter, et vous ne l'êtes pas encore; car vous êtes charnel » (I Cor., III, 2;) et ailleurs : « Puisqu'il y a entre vous des disputes et des divisions, n'êtes-vous pas charnels? » (Ibid., 4.) Il parle de l'état animal, lorsqu'il dit : « L'homme animal ne comprend pas les choses qui viennent de l'esprit de Dieu; car elles lui semblent une folie. » (I Cor., II, 14.) Il parle de l'homme spirituel, lorsqu'il dit : « L'homme spirituel juge toute chose, et n'est jugé par personne » (Ib., 15;) et ailleurs : « Vous qui êtes spirituels, instruisez ces sortes de personnes avec un esprit de douceur. » (Gal., VI, 1.) Hâtons-nous donc, lorsque nous avons cessé d'être charnels, en nous séparant des hommes du siècle et en nous purifiant des souillures de la chair, hâtons-nous d'arriver, par tous les moyens, à l'état spirituel, de peur qu'en nous flattant d'avoir renoncé au monde extérieurement, et d'avoir évité la corruption de la chair, nous ne nous imaginions être parvenus à la perfection, et nous ne négligions de combattre nos autres passions. Si nous restons dans ce milieu, nous n'atteindrons pas l'état spirituel. Nous croirons qu'il suffit d'avoir quitté la société des hommes et les plaisirs du monde, d'être exempts des vices grossiers de la chair, et nous tomberons clans la tiédeur, le pire état de tous, puisque nous méritons d'être vomis de la bouche de Dieu , comme il nous en menace. « Que n'êtes-vous chaud ou froid; mais vous êtes tiède, et je commencerai à vous vomir de ma bouche. » (Apoc., III, 16.)

Ceux que Dieu avait bien voulu recevoir dans les entrailles de sa charité, sont devenus tièdes; il déclare que son coeur se soulève pour les rejeter. Ils pouvaient, pour ainsi dire, faire partie de sa substance, et ils ont mieux aimé en être séparés ; ils sont devenus pires que ceux qui ne se sont jamais approchés des lèvres du Seigneur; car nous avons plus d'aversion pour ce que nous avons vomi que pour les autres aliments. Ce qui était froid , s'est réchauffé dans notre bouche, et nous nous en sommes nourris avec plaisir; mais ce que nous avons rejeté à cause de sa tiédeur, non-seulement nous ne l'approchons plus de nos lèvres, nous ne pouvons pas même le regarder sans horreur.

Il est donc bien vrai de dire que rien n'est plus funeste que la tiédeur. L'homme charnel, l'homme du monde ou le païen, arrivera plus facilement à une conversion salutaire et à la véritable perfection, que celui qui, après avoir embrassé la vie religieuse, ne suit pas cependant la voie parfaite que lui trace sa règle , et laisse éteindre en lui le feu de sa première ferveur. Le premier est humilié de ses passions grossières, et, pour se laver de ses souillures honteuses, il accourt à la fontaine qui peut le purifier; et dans son repentir, plus il a horreur de son infidélité, de son état de glace, plus son esprit s'enflamme et aspire à la perfection. Le second, au contraire, qui commence avec tiédeur et abuse du nom de religieux , ne saurait reprendre avec humilité et zèle le chemin de sa profession. Une fois qu'il est atteint de cette lèpre malheureuse, il ne peut en guérir; ni ses propres réflexions , ni les conseils des autres ne le ramèneront dans la voie parfaite. Il a dit dans son coeur Je suis riche, je suis dans l'abondance, je ne manque de rien ; mais Dieu peut lui répondre : « Tu es misérable et digne de pitié; tu es pauvre, aveugle et nu. » (Apoc., III,17.) Il devient ainsi plus à plaindre que l'homme du monde; car il ignore sa misère, son aveuglement, sa nudité, le besoin qu'il a de se convertir et d'écouter de salutaires avertissements. Il ferme l'oreille aux bons conseils, et il ne comprend pas que sa qualité de religieux fait son malheur. L'opinion qu'on a de lui est un poids qui l'accable. On croit à sa sainteté, à son union avec Dieu, et, à cause de cela, son châtiment sera plus terrible au jour du jugement.

Mais pourquoi nous arrêter plus longtemps à des choses que l'expérience ne nous a que trop prouvées? N'avons-nous pas souvent vu des hommes du monde et des païens qui étaient froids et charnels, devenir fervents et spirituels; tandis que nous n'avons jamais vu devenir parfait celui qui était tiède et animal. Dieu déteste tellement les tièdes, qu'il ordonne, par son prophète, aux saints et aux docteurs, de cesser de les avertir et de les instruire, de ne pas répandre la semence de la bonne parole sur cette terre stérile et infructueuse, toute couverte de ronces et d'épines; mais de la mépriser et de cultiver plutôt une terre nouvelle; c'est-à-dire de prodiguer de préférence le zèle de leur parole et la lumière de leur doctrine aux païens et aux hommes du monde. « Voici ce que dit le Seigneur au peuple de Juda et aux habitants de Jérusalem : Défrichez des terres nouvelles, et ne semez plus sur les épines. » (Jér., IV, 3.)

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