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Traité contre l'hérétique Vigilantius
10.
Comme il m'est impossible de répondre à toutes les lettres que les saints prêtres m'ont écrites à ce sujet, je m'arrêterai seulement à quelques propositions tirées du livre de cet impie. Il se déclare contre les miracles qui se font dans les églises des martyrs, disant qu'ils sont inutiles aux fidèles et qu'ils ne servent qu'à ceux qui n'ont pas la foi : comme s'il s'agissait. de savoir pour qui se font les miracles, et non point par quelle vertu ils se font. Mais je veux que les miracles ne soient que pour les infidèles, afin que n'ayant point voulu ajouter foi aux paroles et à la prédication, ils soient amenés à croire par les prodiges. Notre Seigneur faisait des miracles en faveur des incrédules, et toutefois il ne faut pas les blâmer, parce que ceux pour qui il les faisait ne croyaient point ; ils sont au contraire d'autant plus dignes d'être admirés , que les esprits les plus obstinés étaient par leur moyen comme entraînés vers la foi. C'est pourquoi vous ne devez pas dire que les miracles sont pour les infidèles; mais je demande que vous m'expliquiez comment il se peut faire qu'un peu de poussière et je ne sais quelle cendre ait tant de vertu. Je vois ]tien, malheureux que vous êtes, ce qui vous fait de la peine et ce que vous appréhendez. Cet esprit impur qui vous fait écrire ces choses a été souvent tourmenté par cette poussière que vous dites être si méprisable, et il en est encore tourmenté ; or, pendant qu'il cache ses blessures en votre personne, il les avoue dans les autres : mais vous direz peut-être comme les impies Porphyre et Eunomius, que ce sont des illusions de démons qui ne se plaignent pas véritablement, mais qui font semblant d'être tourmentés.
Je vous donne un conseil : entrez dans les Eglises des martyrs et sans doute vous serez délivré. Vous y rencontrerez plusieurs de vos compagnons et vous ressentirez, non l'ardeur des cierges allumés sur les sépulcres des mêmes martyrs, mais de flammes invisibles, et alors vous avouerez ce que vous niez maintenant; alors vous qui parlez sous le nom de Vigilantius, vous vous écrierez hautement que vous êtes Mercure à cause de votre amour de l'argent , ou ce Dieu nocturne dont il est parlé dans l'Amphytrio a de Plaute, qui passa deux nuits avec Alcmène pour créer Hercule;ou bien vous déclarerez que vous êtes Bacchus à cause de votre ivrognerie, de la bouteille qui est à votre côté, de votre visage enflammé, de vos livres écumantes et des paroles injurieuses que profère continuellement votre bouche.
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Against Vigilantius
10.
I cannot traverse all the topics embraced in the letters of the reverend presbyters; I will adduce a few points from the tracts of Vigilantius. He argues against the signs and miracles which are wrought in the basilicas of the martyrs, and says that they are of service to the unbelieving, not to believers, as though the question now were for whose advantage they occur, not by what power. Granted that signs belong to the faithless, who, because they would not obey the word and doctrine, are brought to believe by means of signs. Even our Lord wrought signs for the unbelieving, and yet our Lord’s signs are not on that account to be impugned, because those people were faithless, but must be worthy of greater admiration because they were so powerful that they subdued even the hardest hearts, and compelled men to believe. And so I will not have you tell me that signs are for the unbelieving; but answer my question—how is it that poor worthless dust and ashes are associated with this wondrous power of signs and miracles? I see, I see, most unfortunate of mortals, why you are so sad and what causes your fear. That unclean spirit who forces you to write these things has often been tortured by this worthless dust, aye, and is being tortured at this moment, and though in your case he conceals his wounds, in others he makes confession. You will hardly follow the heathen and impious Porphyry and Eunomius, and pretend that these are the tricks of the demons, and that they do not really cry out, but feign their torments. Let me give you my advice: go to the basilicas of the martyrs, and some day you will be cleansed; you will find there many in like case with yourself, and will be set on fire, not by the martyrs’ tapers which offend you, but by invisible flames; and you will then confess what you now deny, and will freely proclaim your name—that you who speak in the person of Vigilantius are really either Mercury, for greedy of gain was he; or Nocturnus, who, according to Plautus’s “Amphitryon,” slept while Jupiter, two nights together, had his adulterous connection with Alcmena, and thus begat the mighty Hercules; or at all events Father Bacchus, of drunken fame, with the tankard hanging from his shoulder, with his ever ruby face, foaming lips, and unbridled brawling.