6.
On vous accuse de huit erreurs touchant la foi et l'espérance chrétiennes, comme je vais vous le démontrer bientôt : vous ne parlez que de trois dans votre réponse, encore le faites-vous d'une manière fort superficielle et comme en passant ; pour les autres , vous n'en dites pas un seul mot. Si vous vous étiez pleinement justifié sur sept articles , je ne pourrais vous faire votre procès que sur un seul , et je m'attacherais à celui que vous auriez passé sous silence; mais dans la situation où vous êtes vous ne sauriez vous tirer d'affaire, semblable à un homme qui tiendrait un loup par les oreilles sans pouvoir l’arrêter et sans oser le lâcher. Ces trois articles même auxquels vous répondez , vous les abordez si superficiellement, vous en dites si peu de chose , vous passez si légèrement par-dessus qu'il semble que vous n'y pensiez seulement pas, ou que vous n'y trouviez pas la moindre petite difficulté. Enfin votre réponse est si ambiguë et si obscure que vous nous en apprenez plus par votre silence que par toutes vos explications. Ne pourrait-on pas vous appliquer ici ce que dit l'Évangile : « Si la lumière qui est en vous n'est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres même ! » Si l'explication que vous donnez aux trois articles que vous n'avez abordés qu'en passant est si suspecte et ci vicieuse , et si vous y faites paraître tant de mauvaise foi, tant d'artifice et de dissimulation, que deviendront les cinq autres articles, sur lesquels vous ne sauriez biaiser ni tromper le lecteur, et que vous avez mieux aimé passer sous silence que d'en reconnaître la vérité?
Origène, dans son livre des Principes, dit 1° que, comme on ne doit pas dire que le Fils peut voir le Père, on ne doit pas dire non plus que le Saint-Esprit peut voir le Fils ; 2° que les âmes sont dans les corps comme dans une espèce de prison, et qu'avant la création de l'homme dans le paradis terrestre, elles étaient dans le ciel parmi les créatures raisonnables , et que c'est pour cela que depuis sa chute l'âme, touchée de sa disgrâce , dit dans les Psaumes « J'ai péché avant d'être Humiliée ; » et dans un autre endroit : « Rentrez, ô mon âme, dans le lieu de votre repos ; » et ailleurs: « Seigneur, tirez mon âme de sa prison ; » et autres choses semblables; 3° que le diable et les démons feront un jour pénitence, et régneront à la fin des siècles avec les saints; 4° que les habits de peau dont Dieu couvrit Adam et Eve après leur chute et leur bannissement du paradis terrestre n'étaient autres que les corps dont il les revêtit : par là il nous donne à entendre qu'ils n'avaient point de corps avant leur péché. 5° Dans son explication du premier psaume et dans plusieurs autres traités il nie ouvertement la résurrection de la chair, et soutient que nous ne ressusciterons point avec les membres qui composent notre corps et qui distinguent l'homme d'avec la femme. 6° Il parle du paradis terrestre d'une manière si allégorique qu'il détruit entièrement la vérité de l'histoire, entendant par les arbres les anges , et par les fleuves les vertus célestes , et renversant par des explications violentes et forcées tout ce que l’Ecriture nous dit de ce lieu de délices. 7° Par les eaux qui, selon l'Écriture, sont au-dessus des cieux , il entend les anges et les vertus célestes, et par celles qui sont sur la serre et au-dessous de la terre il entend les démons et les puissances ennemies. 8° Enfin il dit que l'homme a perdu l'image de Dieu que le Créateur lui avait imprimée en le formant, et qu'aussitôt qu'il fut banni du paradis terrestre il ne lui resta plus aucun trait de cette divine ressemblance.