7.
Voilà ce que vous écrit saint Epiphane, voilà les coups qu'il vous porte; mais en même temps , prosterné à vos genoux sans avoir égard ni à son âge ni à sa dignité, il vous prie de ménager les intérêts de votre salut : « Pour l'amour de moi, » vous dit-il, « et pour l'amour de vous-même, sauvez-vous, comme dit l'Écriture « de cette race corrompue ! » renoncez, mon très cher frère, renoncez à l'hérésie d'Origène et à toutes sortes d'erreurs! Attaché au parti de l'hérésie, vous soulevez toute la terre contre moi, et vous rompez l'union que la charité avait formée entre nous ; de manière que le zèle avec lequel vous défendez les erreurs et la doctrine d'Origène m'a obligé de me repentir d'avoir communiqué avec vous. »
Dites-moi, je vous prie, valeureux champion : avez-vous répondu à aucun des huit articles qu'on vous a objectés ? Sans parler des autres, avec quelle force et par combien de raisons a-t-on battu en ruine ce premier blasphème qu'Origène a osé avancer , que le Fils ne peut voir le Père, et que le Saint-Esprit ne peut voir le Fils! « Nous confessons,» vous dit saint Epiphane , « que les trois personnes de la sainte et adorable Trinité ont une même substance, une même éternité, une même gloire et une mène divinité, et nous anathématisons ceux qui dans la Trinité admettent quelque inégalité, quelque chose de visible et différents degrés de supériorité. Ce que nous disons du Père, qu'il est incorporel, invisible, éternel, nous le disons aussi et du Fils et du Saint-Esprit. »
On vous bannirait de l'Église si vous n'étiez pas dans ces sentiments. Je ne m'informe point si vous avez été autrefois d'un sentiment contraire; je n'examinerai point ici si vous êtes attaché à ceux qui suivent cette doctrine , ni de quel parti vous étiez lorsqu'on exilait ceux qui en faisaient profession; ni quel est celui qui, entendant dire au prêtre Théonas que le Saint-Esprit est Dieu , se boucha les oreilles et sortit de l'église avec, ses partisans, de peur d'entendre cet horrible blasphème. « Il ne faut se convertir » disait un impie, «et se faire chrétien que le plus tard qu'on peut. » Le malheureux Prétextat. cet homme sacrilège et livré au culte des idoles, qui mourut dans le temps qu'on l'avait désigné consul. avait coutume de dire en plaisantant au pape Damase : « Qu'on me fasse évêque de Rome , et dès demain je me fais chrétien.» A quoi bon employer tant de raisons et prendre de si longs détours pour prouver que vous n'êtes point arien? Ou niez qu'Origène ait avancé les erreurs dont on l'accuse, ou condamnez-le s'il est vrai qu'il les ait avancées. Voulez-vous savoir jusqu'où doit aller sur cela le zèle des chrétiens? écoutez ce que dit l'Apôtre : «Quand nous vous annoncerions nous-mêmes ou quand un ange du ciel vous annoncerait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème. » Vous affectez dans votre lettre de casher le nom du criminel afin de diminuer le crime; et comme si cette affaire n'était d'aucune conséquence et comme si on n'accusait personne d'avoir proféré des blasphèmes, vous tâchez de donner à une foi suspecte et douteuse les couleurs les plus belles et les plus séduisantes. Commencez votre lettre par dire anathème à celui qui a osé enseigner ces erreurs. Quand la foi est pure et sans déguisement, elle ne balance pas un seul moment à se déclarer. Il faut écraser le scorpion dès qu'on l'aperçoit. « Seigneur,» dit David, cet homme selon le coeur de Dieu , «n'ai-je pas haï ceux qui vous haïssent, et n'ai-je pas séché d'ennui en voyant vos ennemis? Je les haïssais d'une haine absolue. » Si j'avais entendu prononcer de pareils blasphèmes contre Jésus-Christ à mon père, à ma mère, à mon frère , je les aurais regardés comme des chiens enragés, je les aurais déchirés à belles dents, je leur aurais moi-même porté les premiers coups. Celui-là fait la volonté du Seigneur qui dit à son père et à sa mère : « Je ne vous connais point; » mais celui qui aime son père et sa mère plus que Jésus-Christ « n'est pas digne de lui. »