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Œuvres Lactance (250-325) Divinae Institutiones

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Institutions Divines

XVI.

Je ne vois pas que les péripatéticiens aient approché de la vérité, quand, après être demeurés d'accord que ces passions sont vicieuses, ils ont taché de les réduire à quelque sorte de médiocrité ; car enfin il ne faut point souffrir de vices, pour médiocres qu’ils puissent être. Il faut faire en sorte que nous n'en nylons point. Les passions qui naissent avec nous n'ont rien de vicieux, bien que, par le mauvais usage que nous en faisons, elles puissent devenir des vices, comme par le bon usage elles deviennent des vertus. De plus, il est aisé de faire voir que ce ne sont pas les passions qu'il faut modérer, mais les causes des passions. Il ne faut pas, disent les péripatéticiens, s'emporter de joie, il en faut régler les mouvements. C'est comme s'ils disaient: il ne faut pas courir trop vite, il faut marcher modérément. En marchant modérément, on peut s'égarer, et en courant, on peut tenir le bon chemin. Je montrerai peut-être qu'il y a des occasions où le moindre mouvement de joie est vicieux ; et qu'il y en a d'autres où le plus grand est innocent. Si je le montre, de quoi servira la médiocrité ou la modération qu'ils prescrivent ? Je demande donc : s'ils sont persuadés qu'un sage doive sentir de la joie du mal qu'il voit arriver à son ennemi, ou modérer celle qu'il sent du bien qu'il voit arriver à sa patrie, lorsqu'elle assure son salut par la défaite de ses ennemis, ou qu'elle recouvre la liberté par l'oppression des tyrans? Personne ne doute que celui qui aurait de la joie dans la première occasion, ou qui n'en aurait point dans la seconde, ne commît un très grand crime. On peut faire le même jugement des autres passions. Cependant le devoir de la sagesse est non de les modérer, mais de modérer leurs causes, comme je l'ai déjà dit ; car elles viennent de dehors. Il n'est pas besoin de leur mettre un frein, parce que les plus modérées peuvent être fort vicieuses, et les plus immodérées peuvent être fort innocentes. Il n'est pas nécessaire de désigner les lieux, les temps et les occasions où elles sont raisonnables et légitimes. Comme c'est un bien de tenir le droit chemin, et un mal de s'égarer, c'est aussi un bien de se porter à la vertu par les passions, et un mal de se porter par ces mêmes passions au vice. Pour grand que soit le plaisir, il est innocent quand il se contient dans les bornes du mariage. Pour léger qu'il soit, il est vicieux dès qu'il passe ces bornes-là, et qu'il s'étend sur les droits d'un autre. Ce n'est pas une maladie que de se mettre en colère, de désirer, d'être sensible au plaisir; mais c'est une maladie que d'y être sujet ; car quiconque est sujet à se mettre en colère, s'y met au temps auquel il ne s'y doit pas mettre, et contre les personnes contre qui il ne s'y doit pas mettre. Celui qui est sujet à faire des souhaits, désire ce qui ne lui est pas nécessaire. Il fallait donc travailler à faire en sorte que, puisque l'on ne peut et que l'on ne doit pas même arrêter tout à fait les mouvements des passions, parce que la nature nous les a données et qu'elles sont nécessaires pour plusieurs devoirs de la vie, elles se renfermassent dans le droit chemin où il n'y a point de danger.

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The Divine Institutes

Chap. XVI.--Of the Affections, and the Refutation of the Opinion of the Peripatetics Concerning Them; What is the Proper Use of the Affections, and What is a Bad Use of Them.

But I think that the Peripatetics did not even approach the truth, who allow that they are vices, but regulate them with moderation. For we must be free even from moderate vices; yea, rather, it ought to have been at first effected that there should be no vices. For nothing can be born vicious; 1 but if we make a bad use of the affections they become vices, if we use them well they become virtues. Then it must be shown that the causes of the affections, and not the affections themselves, must be moderated. We must not, they say, rejoice with excessive joy, but moderately and temperately. This is as though they should say that we must not run swiftly, but walk quietly. But it is possible that he who walks may err, and that he who runs may keep the right path. What if I show that there is a case in which it is vicious not only to rejoice moderately, but even in the smallest degree; and that there is another case, on the contrary, in which even to exult with transports of joy is by no means faulty? What then, I pray, will this mediocrity profit us? I ask whether they think that a wise man ought to rejoice if he sees any evil happening to his enemy; or whether he ought to curb his joy, if by the conquest of enemies, or the overthrow of a tyrant, liberty and safety have been acquired by his countrymen. 2

No one doubts but that in the former case to rejoice a little, and in the latter to rejoice too little, is a very great crime. We may say the same respecting the other affections. But, as I have said, the object of wisdom does not consist in the regulation of these, but of their causes, since they are acted upon from without; nor was it befitting that these themselves should be restrained; since they may exist in a small degree with the greatest criminality, and in the greatest degree without any criminality. But they ought to have been assigned to fixed times, and circumstances, and places, that they may not be vices, when it is permitted us to make a right use of them. For as to walk in the right course is good, but to wander from it is evil, so to be moved by the affections to that which is right is good, but to that which is corrupt is evil. For sensual desire, if it does not wander from its lawful object, although it be ardent, yet is without fault. But if it desires an unlawful object, although it be moderate, yet it is a great vice. Therefore it is not a disease to be angry, nor to desire, nor to be excited by lust; but to be passionate, to be covetous or licentious, is a disease. For he who is passionate is angry even with him with whom he ought not to be angry or at times when he ought not. He who is covetous desires even that which is unnecessary. He who is licentious pursues even that which is forbidden by the laws. The whole matter ought to have turned on this, that since the impetuosity of these things cannot be restrained, nor is it right that it should be, because it is necessarily implanted for maintaining the duties of life, it might rather be directed into the right way, where it may be possible even to run without stumbling and danger.


  1. [See Augustine against Pelagius: another view.] ↩

  2. [Again this love of liberty, but loosely said.] ↩

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