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Œuvres Lactance (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE IV.

XXIII.

Je voudrais bien que l'on me dise si ceux qui donnent des préceptes aux autres pour la conduite de leur vie et de leurs mœurs, sont obligés de les observer eux-mêmes. S'ils ne les observent pas, les voilà absolument abolis; car si ces préceptes sont utiles et qu'ils puissent servir à régler notre conduite, celui qui les donne ne se doit pas distinguer des autres, en tenant une manière de vivre différente de celle qu'il enseigne ; autrement il démentira sa doctrine par ses actions, et perdra toute sorte de créance. Tout le monde est jaloux de sa liberté; il n'y a personne qui aime qu'on lui commande, ni qu'on lui impose la nécessité d'obéir. Il y aura donc sans doute quelqu'un qui dira au législateur : « Je ne saurais exécuter ce que vous me commandez, parce qu'en effet cela est impossible. Vous me défendez de me mettre en colère, de souhaiter de devenir riche, d'être touché du plaisir, de fuir l'occasion de souffrir, et d'appréhender la mort: ce que vous me défendez de faire est si conforme à la nature, que tous les animaux s'y portent par l'instinct qu'elle leur a donné. Que si vous prétendez que cette inclination puisse être surmontée, convainquez-m'en par votre exemple. Tant que vous ne ferez rien de ce que vous ordonnerez, j'aurai droit de soutenir que c'est une manière d'agir trop impérieuse, que de vouloir donner à des hommes libres des lois de l'observation desquelles vous vous dispensez. Apprenez ce que vous voulez enseigner aux autres, et réformez-vous avant que d'entreprendre de les réformer. » Qui peut douter que cette réponse ne soit fort juste et fort raisonnable? Ne la pourrait-on pas faire à un législateur qui n'observerait rien de ce qu'il commande, et ne pourrait-on pas se moquer de lui, comme il semble qu'il aurait voulu se moquer des autres?

Enfin comment ôterait-il à des esprits désobéissants et rebelles le prétexte de mépriser ses lois, si ce n'est en faisant voir par ses propres actions qu'il n'est pas impossible de les observer. C'est pour cela que les préceptes des philosophes sont si généralement méprisés. On aime mieux des exemples que des paroles. Aussi est il aisé de parler, au lieu qu'il est malaisé d'agir. Plût à Dieu qu'il y eut autant de personnes capables de bien agir, qu'il y en a de capables de bien parler! Quiconque ne fait rien de ce qu'il ordonne ne peut trouver aucune créance. Si c'est un homme, on le méprise comme un esprit léger ; si c'est un Dieu, on lui apportera l'excuse ordinaire tirée de la fragilité humaine. Il faut donc confirmer les paroles par des actions, ce que les philosophes ne sauraient faire. Ils succombent aux passions qu'ils disent qu'il faut surmonter; ils n'inspirent à personne la vertu qu'ils enseignent mal, et ils avouent aussi qu'il n'y a jamais eu de sage parfait, c'est-à-dire qui possédât la science, la vertu et la justice, dans un degré fort éminent. Cela était très véritable; car depuis que le monde est créé, il n'y a jamais eu que Jésus-Christ qui ait enseigné la véritable sagesse et qui ait soutenu la vérité de sa doctrine par les efforts merveilleux de sa puissance.

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