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Œuvres Lactance (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE IV.

XVII.

La colère et la jalousie dont les Juifs étaient animés contre le Sauveur leur firent chercher des prétextes pour le mettre à mort avec quelque apparence de justice, et le plus spécieux qu'ils trouvèrent fut de l'accuser de violer la loi donnée par Moïse, c'est-à-dire de travailler le jour du sabbat, en guérissant des malades, d'abolir la circoncision, et de permettre de manger de la chair de porc. C'était dans l'observation et dans l'abstinence de ces choses que consistait principalement la religion des Juifs. Ceux du peuple qui n'avaient pas suivi Jésus-Christ furent excités par les Juifs à le condamner comme un impie et comme un transgresseur de la loi, bien qu'il ne fit rien que de conforme à la volonté de Dieu et aux prédictions des prophètes. Michée avait prédit la publication d'une loi nouvelle. « La loi, avait-il dit, sortira de Sion, et la parole de Dieu de Jérusalem, et elle jugera plusieurs peuples. » La loi de Moïse a été donnée sur la montagne d'Oreb et non sur celle de Sion, et la sibylle a prédit qu'elle serait abolie par le Fils de Dieu, en disant

qu'après que tout ce qu'elle avait expliqué aurait été accompli, alors la lui sérail abolie.

Moïse même, dont les Juifs, défendent la loi avec une opiniâtreté si aveugle qu'elle les porte jusqu'à méconnaître Dieu, avait prédit que Dieu enverrait un grand prophète, qui serait au-dessus de la loi et qui enseignerait la volonté de Dieu aux hommes. Voici ce qu'il en a laissé par écrit dans le Deutéronome: « Le Seigneur m'a dit : Je leur susciterai un prophète d'entre leurs frères, comme je vous ai suscité ; je mettrai ma parole dans sa bouche. Il leur dira ce que je lui aurai commandé, et quiconque n'aura pas écouté ce que ce prophète aura dit en mon nom sera châtié. » Voilà comment le Seigneur a déclaré, par le ministère du législateur ancien, qu'il enverrait son Fils comme une loi vivante pour abolir l'ancienne, et pour en donner une qui serait éternelle.

Isaïe a prédit en ces termes que la circoncision serait abolie : « Voici ce que dit le Seigneur aux hommes de Juda qui habitent dans Jérusalem : Rappelez parmi vous la nouveauté et ne semez point sur des épines; circoncisez-vous au Seigneur votre Dieu, et circoncisez le prépuce de votre cœur, de peur que ma colère ne s'allume comme un feu, et que personne ne la puisse éteindre. » Moïse dit aussi : « Dans les derniers jours le Seigneur fera la circoncision de votre cœur, afin que vous l'aimiez. » Jésus Navé, successeur de Moïse, a parlé de cette manière du même sujet : « Le Seigneur a dit à Jésus : Faites des couteaux de pierre fort tranchants, asseyez-vous et circoncisez une seconde fois les enfants d'Israël. » IL a dit qu'il y aurait une seconde circoncision ; mais il n'a pas dit que ce serait une circoncision de la chair, comme la première que les Juifs observent encore aujourd'hui, parce que ce devait être une circoncision du cœur et de l'esprit. Le Sauveur qui l'a apportée est le véritable Jésus ; car le prophète n'a pas dit : « Le Seigneur m'a dit, » mais : « il a dit à Jésus, » pour montrer qu'il parlait non de lui-même, mais de Jésus-Christ dont il n'était que la figure. Moïse, qui connaissait l'avenir par la lumière de la prophétie, ordonna qu'au lieu qu'il changeât son nom d'Anses en celui de Jésus, afin qu'ayant été choisi pour aller à Amalech qui avait attaqué les enfants d’Israël, il le vainquît par la force du nom de celui dont il était la figure, et mit le peuple en possession de la terre qui lui avait été promise. Il fut aussi choisi pour succéder à Moïse, afin de faire voir que la loi que donnerait Jésus, dont il portait le nom et dont il était la figure, succéderait à celle que Moïse avait donnée. La circoncision de la chair n'avait pas été ordonnée sans raison. Dieu aurait pu créer l'homme sans prépuce, s'il l'avait jugé à propos. Il l'a créé avec un prépuce, afin que la circoncision qui en serait faite fût la figure d'une seconde circoncision par laquelle le cœur est découvert. La partie qui est retranchée par la circoncision, est une partie qui est honteuse et qui a du rapport avec le cœur. La cérémonie par laquelle on le retranche nous apprend que nous devons avoir le cœur découvert, et ne cacher rien de honteux dans les replis de nos consciences. Voilà la circoncision du cœur qui a été prédite par les prophètes, transférée par le Sauveur du corps à l'âme, et qui durera toujours; car ayant eu la bonté de vouloir procurer notre salut, il nous a proposé cette seconde circoncision comme une pénitence, afin que si nous découvrons notre cœur par une confession sincère de nos péchés et que nous apaisions la colère de Dieu par une rigoureuse satisfaction, nous obtenions le pardon que n'obtiennent point les désobéissants elles rebelles, qui cachent leurs crimes comme s'ils pouvaient tromper celui qui regarde non le visage comme font les hommes, mais le cœur.

La défense de manger de la chair de porc tendait à la même fin. Le principal dessein que Dieu a eu quand il l'a faite, a été de faire entendre qu'il se faut abstenir du péché et se préserver de toute sorte d'ordures. Le porc est un animal immonde, qui ne regarde jamais le ciel et qui est toujours attaché à la terre pour y chercher de quoi se remplir. Il ne peut rendre aucun service, comme font d'autrεs animaux qui portent l'homme, ou qui traînent des chariots, ou qui labourent la terre, ou qui fournissent du lait, ou des matières pour faire des étoffes et des habits, ou qui gardent les maisons. Quand Dieu a défendu d'imiter la vie de ces animaux, qu'on ne nourrit que pour les tuer, il a défendu de rechercher les plaisirs du corps, de peur de devenir incapable de faire le bien et d'encourir ainsi b mort. Il a défendu de se plonger dans la débauche, comme le porc se vautre dans la boue, et d'adorer des statues qui ne sont que de terre et de limon. C'est en effet se salir de boue que de révérer des dieux qui ne sont que de la boue. Les autres commandements de la loi judaïque ont, aussi bien que celui-ci, un sens caché qui se rapporte à l'observation de la justice, et qui, sous une figure grossière et sensible, cache des biens spirituels et éternels.

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