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Œuvres Lactance (250-325) Divinae Institutiones Institutions Divines
LIVRE IV.

XVIII.

Les Juifs irrités de la fidélité avec laquelle Jésus-Christ observait ce que Dieu lui avait ordonné et ce qu'il avait prédit longtemps auparavant par ses prophètes, et ne sachant rien des mystères qui étaient contenus dans l'Écriture, s'assemblèrent à dessein de condamner leur Dieu. Bien qu'il n'ignorât rien de ce qui lui devait arriver, qu'il eût souvent déclaré qu'il était nécessaire qu'il souffrît et qu'il fût mis à mort pour le salut de plusieurs, il se relira néanmoins avec ses disciples, non pour éviter ce qu'il était obligé d'endurer, mais pour montrer la conduite que nous devons tenir, lorsqu'il s'élève quelques persécutions contre nous, et pour nous apprendre à ne pas l'attirer par notre imprudence. Il prédit aussi qu'il serait trahi par un de ses disciples. Judas se laissa en effet gagner par argent, et le livra aux Juifs. Ils se saisirent de lui et le menèrent devant Ponce-Pilate, gouverneur de Syrie. Ils l'accusèrent d'avoir dit qu'il était Fils de Dieu et roi des Juifs. Ils l'accusèrent encore d'avoir dit : « Si vous abattez ce temple qui n'a été bâti qu'en quarante-six ans, je le rebâtirai en trois jours, sans mains d'hommes, » marquant par là la mort que les Juifs lui feraient bientôt souffrir et sa résurrection qui arriverait trois jours après. Il était en effet le véritable temple de Dieu.

Les Juifs s'élevèrent néanmoins à cette parole, comme si c'eût été un blasphème. Quand Pilate eut écouté l'accusation, et qu'il eut vu que Jésus ne répondait rien pour sa justification, il prononça qu'il ne trouvait aucune raison de le condamner; mais ses très injustes accusateurs s'écrièrent confusément avec le peuple qu'ils avaient soulevé, et demandèrent qu'il fût crucifié.

Pilate se rendit alors à leurs clameurs et aux sollicitations d'Hérode le tétrarque, qui appréhendait d'être chassé de son royaume. Il ne jugea point néanmoins le Sauveur; mais il le mit entre les mains des Juifs, afin qu'ils le jugeassent selon leur loi. Ils le fustigèrent et lui firent cent affronts ; ils le revêtirent d'une robe de pourpre, le couronnèrent d'une couronne d'épines, le saluèrent par raillerie en qualité de roi, lui donnèrent du fiel à manger et du vinaigre à boire; ils lui crachèrent au visage, lui donnèrent des soufflets; tirèrent sa tunique et son manteau au sort, pour décider la contestation qu'ils avaient eue à ce sujet. Il ne parla non plus durant ces mauvais traitements que s'il eût été muet. Ils le crucifièrent après cela entre deux criminels qui avaient été condamnés a mort pour vol. Ou trouverai-je des paroles pour déplorer un si funeste malheur et pour me plaindre d'un si cruel attentat? Je n'ai pas ici à faire la description du supplice de Gavius Consanus, où Cicéron employa autrefois toutes les forces de son éloquence et de son esprit, déclamant avec une véhémence tout extraordinaire, et criant que c'était un crime atroce d'avoir crucifié un citoyen romain contre toutes sortes de lois. Quoique ce Consanus fût innocent et qu'il n'eut point mérité ce supplice, il était pourtant sujet à la mort, et il n'y fut condamne que par un scélérat qui ne savait rien de la manière dont on doit rendre la justice. Mais que dirai-je de l'indignité du supplice, que des gens attachés par leur loi au culte de Dieu firent souffrir à un Dieu? Qui aurait une assez grande abondance de pensées et de paroles pour déplorer, autant qu'elle le mérite, une mort qui a été pleurée par toute la nature et par les éléments les plus insensibles?

Cependant les circonstances principales de cette mort avaient été marquées dans les livres des prophètes et dans les vers des sibylles. Voici ce qui est écrit dans les prophéties d'Isaïe : « Le Seigneur mon Dieu m'a souvent ouvert l'oreille, et je ne lui ai point contredit ; je ne me suis point retiré en arrière. J'ai abandonné mon corps ;i ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m'arrachaient le poil et la barbe; je n'ai point détourné mon visage de ceux qui me couvraient d'injures et de crachats. » David en parle de la sorte dans le psaume trente-quatre : « Les hommes vils se sont assemblés contre moi sans que j'en susse le sujet. Ils m'ont déchiré et n'ont point cessé de médire de moi. Ils ont frémi des dents contre moi avec des hypocrites qui font les bouffons dans les festins. » La sibylle a prédit la même chose :

Dieu tombera, dit-elle, entre les mains des Injustes et dis infidèles. Ils lui donneront des soufflets avec leurs mains impies, et lui cracheront au visage avec leurs bouches exécrable. Ils déchargeront les coups de leur fureur sur ses épaules saintes et innocentes,

Isaïe a prédit le silence qu'il a gardé jusqu'à la mort : « Il sera mené à la mort comme une brebis qu'on va égorger. Il demeurera dans le silence comme un agneau est muet devant celui qui le tond. » La même sibylle l'avait aussi prédit par ces paroles :

Pendant qu'on lui donnera des soufflets, il gardera le silence, de sorte que personne n'entendra la moindre parole de sa bouche. Il sera couronné d'une couronne d'épines.

David parle, dans le psaume soixante-douze, de ce que les Juifs lui présentèrent à boire et à manger avant de rattacher à la croix : « Ils m'ont donné pour mets du fiel très amer, et lorsque j'ai eu soif ils m'ont donné du vinaigre à boire. » La sibylle avait dit :

Ils lui prépareront des repas désagréables ; lui donneront du fiel à manger et du vinaigre a boire.

Une autre sibylle a reproché aux Juifs leur ingratitude et leur cruauté en ces termes :

Nation folle et insensée, tu ne reconnais pas le Dieu que tu dois adorer. Au contraire, tu lui mets sur la tête une couronne d'épines, et tu lui présentes l'amertume du fiel.

Plusieurs prophètes avaient prédit que les Juifs se saisiraient de leur Dieu et le mettraient à mort.

Voici ce qu'il y a dans Esdras. Esdras a dit au peuple : « Cette pâque est notre salut et notre refuge. Songez bien que nous devons l'humilier par le bois, et après cela nous espérerons en lui, afin que ce lieu-ci ne soit point abandonné pour toujours. Voilà ce que dit le Seigneur Dieu des vertus ; si vous ne le croyez et que vous n'écoutiez sa parole, vous serez exposés à la risée des nations. » Il paraît par ce passage que les Juifs n'ont aucune espérance de salut, à moins qu'ils ne se lavent du sang dont ils se sont souillés, et qu'ils n'invoquent celui-là même auquel ils ont renoncé. Isaïe explique leur attentat en ces termes : « Il est mort au milieu des douleurs, ayant été condamné des juges. Qui racontera sa génération ? Car il a été retranché de la terre des vivants. Je l'ai frappé à cause des crimes de mon peuple, et il donnera les impies pour le prix de sa sépulture, et les riches pour la récompense de sa mort, parce qu'il n'a point commis d'iniquités, et que le mensonge n'a jamais été dans sa bouche. Mais le Seigneur l'a voulu briser dans son infirmité. S'il livre son âme pour le péché, il verra sa race durer longtemps, et la volonté de Dieu s'exécutera heureusement par sa conduite. » Voici ce que David en dit dans le psaume quatre-vingt-treize : « Ils ont conspiré contre la vie du juste, ils ont condamné le sang innocent; mais le Seigneur a été ma forteresse : mon Dieu a été le rocher où j'ai mis ma confiance. » Jérémie en parle aussi de cette sorte : « Révélez-moi la vérité, Seigneur, et je la saurai. Alors j'ai vu leurs pensées. J'ai été mené au sacrifice comme un agneau sans tache. Ils ont formé de mauvais desseins contre moi, et ont dit : Venez mettons du bois dans son pain, et effaçons sa vie de dessus la terre, et que l'on perde la mémoire de son nom. » Le bois signifie sa croix et le pain signifie son corps, parce qu'il est l'aliment et la vie de ceux qui croient au corps qu'il a porté, et à la croix à laquelle il a été attaché.

Mais il a parlé encore plus clairement dans le Deutéronome, de cette croix et de cette mort. « Votre vie, dit-il, sera comme suspendue devant vos yeux; vous appréhenderez le jour et la nuit, et ne serez point assuré de votre vie. » Il a encore dit ceci dans le livre des Nombres : « Le Seigneur n'est point attaché à la croix comme un homme, et ne souffrira point de menaces comme un fils de l'homme. » Zacharie a dit aussi : « Ils me regarderont, moi qu'ils ont percé. » David a exprimé la même chose par ces paroles du psaume vingt-un : « Ils ont percé mes mains et mes pieds. On pourrait compter mes os. Ils ont pris plaisir à me considérer. Ils ont partagé mes vêtements, et ils ont jeté au sort à qui aurait ma robe. Il est certain que David ne parlait pas de soi-même parce qu'il était roi, et qu'il n'a jamais souffert ces mauvais traitements. L'esprit de Dieu parlait par sa bouche, au sujet de ce Dieu qui devait souffrir ces traitements mille cinquante ans après. Ceux qui ont fait ce calcul ont en effet trouvé ce nombre-là depuis le règne de Darius jusqu'au temps auquel le Sauveur a été crucifié. Salomon, fils de David, fit bâtir la ville de Jérusalem, et prédit qu'elle serait détruite en punition du crime des Juifs qui crucifieraient le Sauveur : « Que si vous vous détournez de moi, dit le Seigneur, et que vous ne gardiez pas ma vérité, je chasserai Israël de la terre que je lui ai donnée, et je rainerai la maison que je lui ai édifiée en mon nom. Israël sera ruiné et couvert d'opprobres, et cette maison sera déserte, et quiconque passera auprès, dira avec étonnement : Pourquoi le Seigneur a-t-il fait ce mauvais traitement à cette terre et à cette maison? Et on lui répondra : C'est par ce qu'ils ont abandonne le Seigneur leur Dieu, qu'ils ont persécuté leur roi très chéri de Dieu, et qu'ils l'ont tourmenté d'une manière très humiliante. Voilà pourquoi Dieu leur a envoyé ces maux-là. »

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