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Œuvres Jérôme de Stridon (347-420) Explications de divers passages de l'Écritur Sainte

PARTIE II.

A ALGASIA.

Mon fils Apodemius a parfaitement rempli1 la signification de son nom en s'exposant à une si longue navigation pour nous venir voir. Il est parti des bords de l'Océan et des extrémités des Gaules, et ayant laissé sur sa route la ville de Rome, il est venu chercher à Bethléem le pain du ciel, afin de s'en rassasier et de pouvoir dire : « Mon coeur a produit une excellente parole ; c'est au roi suprême que j'adresse et que je consacre mes ouvrages. » Il m'a donné de votre part un petit mémoire qui contient plusieurs difficultés très considérables que vous me proposez. En les lisant, vous m'avez paru remplie de l’esprit et du zèle de la reine de Saba, qui « vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon. » Ce n'est pas que je me compare à ce prince qui a surpassé en sagesse tous les hommes qui ont été et avant et depuis lui; mais pour;vous, on doit vous appeler « reine de Saba, » puisque le péché ne règne point dans votre corps mortel, et que tournant du côté de Dieu toutes les affections de votre coeur, vous méritez d'entendre de sa bouche2: « Tournez-vous vers moi, ma Sunamite, tournez-vous vers moi; » car le mot Baba signifie en notre langue : conversion.

J'ai encore remarqué que les questions que vous me proposez ne sont que sur l'Évangile et sur les épîtres de saint Paul, ce qui fait voir ou que vous lie lisez guère l'Ancien-Testament, ou que vous ne l'entendez pas trop bien. Il faut avouer qu'il est si rempli de difficultés et de figures qu'il n'y a aucun endroit qui n'ait besoin d'explication. Semblable à cette porte orientale d'où se lève la véritable lumière, et par laquelle le grand prêtre a coutume d'entrer et de sortir, il demeure toujours fermé, et n'est ouvert qu'à Jésus-Christ, « qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme qui ferme et personne n'ouvre. Il S'il daigne vous ouvrir, vous entrerez dans sa chambre et, vous direz: « Le roi m'a fait entrer dans son appartement. »

Au reste je m'étonne que vous abandonniez une source très pure dont vous êtes si proche, pour venir puiser de l'eau dans notre petit ruisseau; et que laissant les eaux de Siloé, « qui coulent paisiblement et en silence, Il vous souhaitiez de boire des eaux de Silior, qui sont sales et bourbeuses par le mélange et la contagion des vices du siècle. Vous avez dans votre province le saint prêtre Aletius3 qui peut vous expliquer de vive voix, et avec cette sagesse et cette éloquence qui lui sont si naturelles, les difficultés que vous me proposez, si ce n'est peut-être que vous n'aimiez mieux des marchandises qui viennent de loin, et que vous n'ayez envie de goûter des viandes apprêtées de ma main. Car les goûts sont différents : les uns, aiment ce qui est un peu amer; ceux-ci rétablissent leur estomac par les acides; ceux-là le fortifient par quelque chose de salé. J'en ai vu plusieurs qui ont fait passer des soulèvements de coeur et des étourdissements de tête par un antidote qu'on appelle picra4, guérissant ainsi, selon Hippocrate, les contraires par les contraires. Ayez donc soin de corriger par la douceur qu'Aletius a coutume de mettre dans ses discours l'amertume que vous trouverez dans le mien, de jeter le bois de la croix dans les eaux de Mara, et de relever par la force et la vivacité du style de ce jeune ecclésiastique ce qu’il y a de trop faible gt de trop languissant dans celui d'un vieillard comme je suis, afin que vous puissiez chanter avec joie : « Que vos paroles me paraissent douces! Elles le sont plus que le miel ne l'est à ma bouche. »


  1. Saint Jérôme fait allusion au grec apodemos, qui veut dire : pèlerin, voyageur. ↩

  2. La vulgate porte : «Revenez, revenez! O Sunamite ! » ↩

  3. Il y a quelque apparence que cet Aletius est celui à qui saint Paulin adressa une lettre qui est la trente-troisième de sa collection. il était frère de Moirent, évêque de Cahors, auquel il succéda , comme on en peut juger par Grégoire de Tours, liv. 2, chap. 15, de son Histoire. Cela fait voir aussi qu'Hedibia et Algasia étaient de Guienne. ↩

  4. Du mot grec pikros, qui veut dire : amer. ↩

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