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Œuvres Jérôme de Stridon (347-420) Explications de divers passages de l'Écritur Sainte
PARTIE II.
Seconde question.

2.

Tout cela fait voir que l'évangéliste saint Mathieu n'a pas cru devoir préférer au texte hébreu l'autorité des Septante, mais qu'étant hébreu de nation et très savant dans la loi du. Seigneur, il a enseigné aux gentils ce qu'il avait lu dans l'hébreu. Car si l'on s'arrête à la version des Septante qui porte : «Jacob est mon serviteur; je le prendrai sous ma protection. Israël est mon peuple choisi : mon âme s'est déclarée en sa faveur, » comment pourrons-nous concevoir que ce qui a été prédit de Jacob et d'Israël a été accompli en la personne de Jésus-Christ? Ce n'est pas seulement en cette occasion que saint Mathieu s'est attaché au texte hébreu préférablement à la version des Septante; il en a encore usé de même dans un autre endroit où il dit : « Je rappellerai mon fils de l'Égypte; » au lieu que les Septante ont traduit « Je rappellerai ses enfants, de l'Égypte. » Il parait clairement que cela ne peut convenir au Sauveur, et qu'il faut dans cet endroit suivre la vérité hébraïque, car le prophète ajoute immédiatement après: « Ils ont immolé à Baal. » Quant à ces paroles d'Isaïe qui ne se trouvent point dans la citation de saint Mathieu : « Il paraîtra avec éclat, et il ne sera point brisé, jusqu'à ce qu'il ait établi sur la terre le règne de la justice, » je crois que ce mécompte est arrivé par la faute du premier copiste, qui, ayant trouvé deux versets de suite qui finissaient l'un et l'autre par le mot « justice, » a pris le dernier pour le premier et a passé tout ce qui est entre deux. Saint Mathieu, s'attachant plus au sens qu'aux mots, a encore traduit ces paroles du texte hébreu : « Et les îles espéreront en sa loi, » parcelles-ci : «Et les nations espéreront en son nom. » Sur quoi il faut remarquer que, dans tous les passages que les évangélistes et les- apôtres citent de l'Ancien Testament; ils s'attachent toujours plus au sens qu'aux paroles, et que lorsqu'il y a de la différence entre le texte hébreu et la version des Septante, ils expriment en leur manière le sens de l'hébreu.

Le Sauveur donc, selon la nature humaine dont il a bien voulu se revêtir, est appelé: le serviteur du Dieu tout-puissant, et c'est à lui que le Père éternel adresse ces paroles dans un autre endroit : « C'est beaucoup pour vous que vous me serviez pour réunir les tribus de Jacob. » Il est cette « vigne de force; » qui veut dire choisie; il est ce Fils bien-aimé en qui Dieu a mis toutes les affections de son âme. Ce n'est pas que Dieu ait une « âme, » mais le prophète a voulu exprimer par ce mot toute l'affection et toute la tendresse que Dieu a pour son fils. Au reste il ne faut point s'étonner qu'on se serve du mal « âme » pour exprimer les affections de dieu, puisque dans un sens moral, et selon les différentes manières d'expliquer l’Écriture sainte, on lui attribue aussi toutes les parties du corps humain.

« Il a mis » aussi « son esprit sur lui, » c'est-à-dire : « un esprit de sagesse et d'intelligence, un esprit de conseil et de force, un esprit de science et de piété et de la crainte du Seigneur, » cet esprit enfin qui descendit sur lui sous la forme d'une colombe, selon ce que Jean-Baptiste nous assure avoir ouï de la bouche même de Dieu le Père : « Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer le Saint-Esprit est celui qui baptise dans le Saint-Esprit; et il annoncera la justice aux nations, » selon ce qui est écrit dans les Psaumes : « O Dieu, donnez au roi la droiture de vos jugements, et au fils du roi la lumière de votre justice; » et selon ce que Jésus-Christ lui-même dit dans l'Evangile : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout pouvoir de juger au Fils. Il ne disputera point;» car il s'est laissé conduire comme un agneau pour être immolé. « Il ne disputera point » pour séduire ses auditeurs. « Il ne criera point, » selon ce que dit l'apôtre saint Paul: « Que toute dispute, toute colère, toute aigreur soient bannies d'entre vous. «Il ne criera point, » parce qu'Israël, au lieu de faire rendre la justice, a fait crier ceux qui étaient dans l’oppression. «Et personne n'entendra sa voix au dehors » ou «dans les rues; » car toute la gloire de la fille du roi lui vient du dedans, et la porte qui conduit à la vie est petite et étroite. On n'entendra donc point sa voix dans ces places publiques où la sagesse, sans entrer dans les voies larges et spacieuses du péché, parle avec assurance aux pécheurs et condamne hautement leurs égarements, employant pour instruire ceux qui sont dehors non pas ses expressions naturelles, mais les énigmes et les paraboles. « Il ne brisera point, le roseau cassé,» ou, comme porte la version des Septante : « Il ne foulera point aux pieds le roseau qui est déjà rompu. » Par ce roseau cassé, qui autrefois servait à chanter les louanges du Seigneur, on doit entendre : le peuple d'Israël, qui, ayant heurté contre la pierre angulaire et s'étant laissé tomber dessus, s'y est malheureusement brisé. Aussi est-ce de lui que le prophète-roi a dit «Réprimez, Seigneur, ces bêtes sauvages qui habitent dans les roseaux. » Il est parlé aussi dans le livre de Josué du « torrent des roseaux, » dont Israël a préféré les eaux sales et bourbeuses à celles du Jourdain qui sont très pures et très claires. Comme ce peuple est retourné de coeur en Egypte, qu'il a souhaité de demeurer dans ce pays sale et marécageux, qu'il a soupiré après les melons, les ognons, rail, les concombres et les marmites d'Egypte, c'est avec justice que le prophète Isaïe l'appelle un a roseau cassé, »dont les éclats ne sont propres qu'à blesser la main de ceux qui s'appuient dessus; car celui qui, après la venue du Sauveur, abandonne l'esprit de l’Evangile pour s'arrêter comme le Juif à la lettre qui tue, se blesse lui-même par toutes les actions qu'il fait.

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