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Œuvres Jérôme de Stridon (347-420) Explication de la parabole de l'enfant prodigue

14.

Que si ce raisonnement ne vous parait pas convaincant, peut-être vous rendrez-vous à l'autorité de cette parabole où l'on nous représente un père de famille qui envoie, durant tout le jour, des ouvriers travailler â sa vigne. A la première heure du jour il appelle Adam, Abel et Seth ; à la troisième Noé, à la sixième Abraham, à la neuvième Moïse, et à la onzième les gentils. « Pourquoi, »leur dit-il, « demeurez-vous là tout le long du jour sans travailler? » Ils lui répondent : « C'est parce que personne ne nous a loués. » Cette dernière heure du jour nous marqué I'avènement dû Sauveur, selon ce que dit l’apôtre saint Jean : « Mes frères, c'est ici la dernière heure; et comme vous avez ouï dire que l'Antechrist doit venir, il y a dès maintenant plusieurs antechrists , ce qui nous fait connaître que nous sommes dans la dernière heure. » Si vous n'agréez pas cette explication, je me soumets à tout, pourvu que vous m'accordiez que ceux qui ont été appelés les premiers étaient justes car, cela supposé, pourquoi murmuraient-ils contre le père de famille en disant : « Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et vous les rendez égaux à nous qui avons porté le poids du jour et de la chaleur! » C'est avec quelque apparence de justice qu'ils représentent au père de famille qu'on ne doit pas donner à ceux qui n'ont travaillé qu'une heure la même récompense qu'à ceux qui depuis le matin jusqu'à la huit ont gémi sous le poids d'un rude travail; mais c'est l'envie qui fait naître cette justice prétendue, puisqu'elle voit avec déplaisir le bonheur d'autrui. Aussi est-ce le reproche que leur fait le père de famille : « Mon ami, »dit-il à fur de ces envieux, « votre oeil est-il mauvais parce que je sais bon?» C'est pourquoi, lorsque l'apôtre saint Paul dit que Dieu seul est juste et immortel, il ne prétend pas dire que les anges sont injustes et mortels; son dessein est de faire voir que Dieu seul est souverainement juste et immortel, et que toute justice, par rapport à la sienne, n'est qu'injustice.

Mais pour vous montrer l'injustice des ouvriers dont parle cette parabole, remarquez que ceux qu'on a loués à la première heure méritent une plus grande récompense que ceux qui n'ont commencé à travailler qu'à la troisième ; qu'on doit aussi donner davantage à ceux-ci qu'à ceux qui n'ont été à la vigne qu'à la sixième heure, et que ces derniers sont plus dignes de récompense que ceux qu'on a loués à la neuvième heure : d'où vient donc qu'ils ne se plaignent point les uns des autres, et qu'ils ne font paraître leur jalousie que contre ceux qui n'ont travaillé qu'à la dernière heure? Vous qu'on a loués à la neuvième heure, pourquoi portez-vous envie à ceux qui n'ont travaillé qu'à la onzième heure ? Quelques raisons que vous puissiez apporter pour faire voir que, ayant travaillé plus longtemps qu'eux, vous méritez aussi une plus grande récompensé, vous serez toujours dans le même cas; et ceux qui ont travaillé dès la sixième heure pourront en dire autant de vous. L'envie vous fait aussi murmurer contre les derniers, vous qui avez commencé à travailler dès la sixième heure, et vous trouvez mauvais qu'on leur donne la même récompense qu'à vous; mais ceux qui ont travaillé à la troisième heure sont en droit de faire les mêmes plaintes contre vous; les ouvriers qui ont été à la vigne à la première heure pourront aussi en dire autant de ceux-ci. Or, quoique ces ouvriers n'aient pas également travaillé et qu'ils aient été envoyés à la vigne à des heures différentes, cependant ils ne sont point jaloux les uns des autres, et ils reçoivent tous sans se plaindre la même récompense. Il n'y a que contre les derniers, c'est-à-dire contre les gentils, qu'ils font éclater leur envie ; ils invoquent cette prétendue faveur pour insulter le père de famille; et c'est leur jalousie que le Fils de Dieu condamne dans toutes ces paraboles.

Je sais que vous trouverez peu d'exactitude, d'élégance dans pion style; mais je vous ai déjà fait observer plusieurs fois qu'il est impossible d'écrire correctement quand on n'est pas en état de retoucher soi-même ce que l'on a écrit. Je réclame donc de vous un peu d'indulgence une cruelle ophtalmie me met dans la nécessité de dicter les choses à la hâte. D'ailleurs il ne faut pas demander dans ces sortes d'ouvrages l'élégance du style, mais la solidité des pensées ; on ne doit pas chercher à se repaître de cosses, mais à se nourrir de pain.

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Explication de la parabole de l'enfant prodigue

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