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Ces soldats s’en défirent comme Constant le leur avait commandé; et depuis qu’il eut commis ce fratricide, il usa de toute sorte de cruautés contre ses sujets. Il acheta des étrangers fort bien faits et les retint comme en otage, leur donnant une licence effrénée de maltraiter les peuples, et ceux de sa cour s’étant montrés irrités de ces abus, ils épièrent le temps qu’il prenait le divertissement de la chasse, et conspirèrent contre lui, sous la conduite de Marcellin, intendant des finances, et de Magnence, chef des Joviens et des Herculiens, noms de deux légions. Marcellin célébrant la fête de la naissance de son fils, invita Magnence et plusieurs autres à un grand festin. Le festin ayant été continué jusqu’à minuit, Magnence se leva de table sous prétexte de quelque nécessité et parut un peu après devant les conviés, revêtu de la robe impériale. Ils le proclamèrent à l’heure même empereur, et les habitants de la ville d’Autun où se faisait ce festin, confirmèrent cette proclamation par leur suffrage. Le bruit s’en étant répandu plus loin, les paysans s’assemblèrent à la campagne; et les cavaliers arrivés depuis peu de l’Illyrie pour servir comme de recrue aux légions des Gaules, se joignirent à ceux qui s’étaient assemblés pour cette proclamation, et tous les commandants ayant délibéré ensemble et reconnu que Magnence était déjà salué en qualité d’empereur, ils l’appelèrent tout d’une voix Auguste. Constant en ayant eu avis voulut se réfugier à la ville d’Hélène, proche des Pyrénées. Mais il y fut arrêté par Gaison qui avait été envoyé pour cet effet, et tué sans que personne se mit en devoir de le secourir.