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Telle fut la fin de Magnence. Il régna trois ans et demi. Il était né parmi les Barbares, et avait été élevé parmi les Lètes, peuples des Gaules, où il avait appris la langue latine. Il fut insolent dans la prospérité et lâche dans l’adversité. Il avait tant d’adresse pour cacher ses mauvaises qualités, qu’il paraissait homme de bien à ceux qui ne le connaissaient pas. J’ai cru devoir tracer ce crayon de son naturel pour faire voir qu’il n’a jamais rien fait qu’à mauvaise intention, et pour détromper ceux qui se persuadent que sa manière de gouverner a été fort avantageuse au bien de l’empire.
Décence, que Magnence avait appelé à son secours, ayant appris dans le chemin d’Italie ce qui lui était arrivé, et ayant rencontré des troupes du parti ennemi, désespéra de se sauver et s’étrangla lui-même.