9.
Pendant que la portion de l'empire que Valens possédait était dans cet état, Valentinien courait un extrême péril au-delà des Alpes. Les Germains ne furent pas sitôt délivrés par la mort de Julien de la crainte de sa puissance, que se souvenant des mauvais traitements qu'ils avaient soufferts pendant qu'il était césar, ils reprirent leur fierté ordinaire, et recommencèrent à ravager les terres de l'empire. Valentinien s'étant présenté pour réprimer leur insolence, il y eut un combat fort rude qui fut terminé par la fuite des Romains. L'empereur demeura ferme au milieu du danger, et supporta constamment cette disgrâce. Ayant depuis recherché les auteurs de cette déroule, il trouva que les Bataves en étaient coupables; et ayant assemblé l'armée comme pour leur faire des propositions avantageuses au bien de l'état, il prononça un discours fort grave, par lequel il couvrit d'une confusion éternelle ceux qui avaient les premiers lâché le pied, et à la fin il commanda aux Bataves de mettre bas les armes, pour être vendus comme des esclaves à ceux qui voudraient en acheter. A cette parole toute l'armée se prosterna contre terre, le suppliant de leur épargner cette infamie, et lui promettant que les Bataves se porteraient avec tant de cœur en la première rencontre, qu'il les reconnaîtrait dignes de la grandeur du nom romain. Valentinien leur ayant commandé d'exécuter leur promesse ils se levèrent, prirent leurs armes, sortirent hors du camp, firent passer au fil de l'épée un si grand nombre de Barbares, que fort peu s'en retournèrent en leurs pays. Telle fut la fin de ta guerre de Germanie.
