14.
Fortunatien, intendant des finances, condamna à la question un de ses officiers accusé de manie. Celui-ci ayant découvert quelques-uns de ses complices, parmi lesquels il y avait des justiciables de Modeste, préfet du prétoire, ce magistrat prit connaissance de l’affaire, et instruisit généralement contre tous les accusés. L’empereur en entra dans une si furieuse colère, qu’il conçut d’injustes soupçons contre ceux qui faisaient profession des sciences et des belles-lettres, et contre les premiers de sa cour, comme s’ils eussent conspiré contre lui. On n’entendait partout que des gémissements et des plaintes. Les prisons étaient remplies de personnes innocentes. Il y avait plus de monde qui fuyait la persécution, qu’il n’en restait dans les villes. Les soldats qui conduisaient les prisonniers avouaient qu’ils étaient en trop petit nombre pour les garder. Les dénonciateurs n’étaient point punis des accusations calomnieuses, et après avoir été convaincus d’avoir voulu opprimer l’innocence, ils avaient la liberté de se retirer. Les accusés étaient condamnés sans preuve à perdre la vie ou les biens, et à laisser leurs femmes et leurs enfants dans la dernière misère. Enfin on ne travaillait qu’à remplir l’épargne par toute sorte de crimes.