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Voilà ce qui arriva à Théodose, en retournant de la guerre, contre Maxime. Bien que la victoire qu’il avait remportée lui donnât de la joie et de l’orgueil, les insultes qu’il avait souffertes des Barbares, dans les forêts et dans les marais, Lui donnaient du chagrin et du dégoût; de sorte qu’il résolut de mettre bas les armes, et de se décharger sur Promotus du soin de la guerre. Il reprit après cela sa manière de vivre ordinaire, et se plongea, comme auparavant, dans les voluptés et dans les plaisirs, passant les jours entiers tantôt à faire de magnifiques festins, tantôt à voir les jeux et les combats dans l’amphithéâtre et dans le cirque.
J’avoue que je me suis souvent étonné de l’inégalité de son humeur, et de la violence avec laquelle il se portait en divers temps à des choses tout opposées. Etant lâche de son naturel, il se plongeait dans l’oisiveté, s’il n’en était empêché, ou par la rencontre de quelque fâcheux accident, ou par l’appréhension du danger. Quand il survenait une nécessité pressante qui menaçait l’état de troubles, il se réveillait de son assoupissement, et renonçant aux plaisirs. Il supportait les fatigues en homme de cœur. Dès que le péril était passé, Il retournait à son inclination, et reprenait ses divertissements accoutumés.