3.
Étant de retour à Constantinople, il travailla avec plus d’empressement que jamais pour conclure l’alliance qu’il souhaitait et pour donner sa fille à l’empereur. Mais la fortune fit naître contre son espérance un obstacle à sa prétention. Promotus avait laissé deux fils qui, durant la vie de Théodose, avaient été élevés avec ses enfants. L’un des deux avait chez lui une jeune personne d’une excellente beauté, qu’Eutrope, eunuque de l’empereur Arcadius, lui conseilla d’épouser. Ce prince ayant prêté l’oreille à son conseil, il lui montra le portrait de cette personne, et augmenta tellement la passion de l’empereur, qu’il résolut de l’épouser sans que Rufin sût rien de cette intrigue, et bien qu’au contraire il s’imaginât lui faire épouser sa fille, et devenir par cette alliance son associé à l’empire. L’eunuque voyant cela, et s’imaginant que le mariage arrangé par lui était une affaire conclue, ordonna au peuple de commencer les danses, et de se couronner de fleurs, selon ce qui se pratique au mariage des princes. Il tira du palais un manteau convenable à la majesté du trône avec tous les autres ornements de toilette, et les donna à porter aux serviteurs de l’empereur. Il traversa la ville avec ces présents, précédé par la foule. Le peuple ayant vu qu’on les portait à cette jeune fille qui demeurait chez
Le fils de Promotus, il reconnut par là celle qui était destinée à l’empereur. Rufin déchu de son espérance chercha les moyens de ruiner Eutrope. Voilà l’état où étaient les affaires dans l’étendue de l’empire d’Arcadius.