6.
Lorsque Alaric se fut approché des murailles, à la tête de son armée, il vit Minerve qui en faisait le tour, armée de la même manière qu’elle parait dans ses images, et Achille au haut des murailles, tel qu’il a été décrit par Homère, lorsque emporté de colère il marchait contre les Troyens, pour venger la mort de Patrocle. Marie, épouvanté de ce spectacle, perdit l’envie d’attaquer les habitons, et leur offrit la paix. Les serments ayant été faits de côté et d’autre, il entra dans la ville avec un petit nombre des siens. Il y fut reçu très civilement, se rendit aux bains, et s’assit à table avec les citoyens les plus distingués, et après avoir été comblé de présents il partit de la ville et ensuite de l’Attique sans avoir commis aucun dégât. Voilà comment cette ville, qui, sous le règne de Valens avait été préservée du tremblement de terre qui avait ébranlé tout le reste de la Grèce, fut délivrée d’un autre danger. Alaric n’ayant fait aucun ravage dans le pays attique par la frayeur qui lui restait de la vision qu’il avait eue, entra sur le territoire de Mégare, et ayant emporté d’abord cette ville, il marcha vers le Péloponnèse sans rencontrer personne qui s’opposât au cours de ses victoires. Gérontius lui ayant permis de passer l’isthme, il lui fut aisé de prendre des villes qui n’étaient point fermées de murailles. Corinthe fut prise la première, et ensuite les petites villes qui sont alentour. Argos le fut après, et tout ce qui est entre Argos et Lacédémone. Cette ville autrefois si célèbre suivit alors la fortune de la Grèce, sans pouvoir être défendue par les armes de ses habitons, et elle fut trahie par ses commandants, qui n’avaient point d’autre passion que de se rendre les ministres des volontés les plus injustes et des débauches les plus criminelles de ceux qui gouvernaient l’Etat.