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Comme chacun était extraordinairement affligé du malheur de la ville, dont on ne voyait point d’autre sujet que l’ombre d’un âne, selon le proverbe, ceux qui avaient l’honneur d’approcher du prince songeaient aux moyens de rebâtir les maisons qui avaient été brûlées. Mais en même temps ils apprirent que les Isauriens, qui habitent au dessus de la Pamphylie et de la Cnide, dans les endroits les plus inaccessibles du mont Taurus, s’étaient divisés en plusieurs bandes, et avaient commencé le dégât dans le pays qui est au dessous. Ils n’étaient pas assez forts pour assiéger des villes fermées de murailles ; mais ils attaquaient les bourgs et enlevaient ce qui se présentait devant eux. Les ravages que Tribigilde avait faits dans ce pays avec les étrangers le rendaient plus exposé aux courses et aux violences des Isauriens dont je parle.
Arbazace ayant été envoyé pour secourir la Pamphylie autant qu’il lui serait possible, poursuivit ces brigands jusque dans leurs montagnes, prit de leurs bourgs, tua un grand nombre de leurs gens, et les aurait entièrement défaits et procuré une pleine liberté aux villes, s’il n’avait trop aimé son plaisir, et préféré son intérêt particulier au bien commun de l’état. Ayant été mandé pour rendre compte de cette trahison, il s’attendait qu’on lui ferait son procès. Mais il se tira d’affaire en donnant à l’impératrice une partie de ce qu’il avait pris sur les Isauriens, et employa le reste à ses débauches. Ces peuples-là n’avalent jusque ici commis que des brigandages, sans avoir osé en venir à une guerre ouverte.
