35.
Après sa mort, Olympius disposa avec un pouvoir absolu de toutes choses. Il prit la charge de maître, et fit conférer les autres par l’empereur à ceux qu’il eut agréable de lui nommer. On fit une recherche exacte des amis et des partisans de Stilicon. On se saisit entre autres de Deutère, un des premiers officiers de la chambre, et de Pierre, tribun des notaires, et on les mit à la question. Mais quand on vit qu’ils ne confessaient rien ni contre Stilicon, ni contre eux-mêmes, Olympius commanda de les frapper de coups de bâton jusqu’à la mort. Plusieurs autres ayant été arrêtés et mis à la question pour apprendre de leur bouche si Stilicon avait aspiré à l’empire, on se désista enfin de cette poursuite quand on vit qu’elle était inutile, et qu’elle ne produisait aucune lumière.
L’empereur Honorius réduisit Thermantie, sa femme, à une condition privée, et la rendit à sa mère, sans qu’elle fût chargée pour cela d’aucun soupçon. Il commanda aussi de chercher Eucher, fils de Stilicon, et de le faire mourir. Mais ceux qui le cherchaient l’ayant trouvé dans une église de Rome, n’osèrent toucher à sa personne par respect pour la sainteté du lieu. Héliocrate, comte des largesses, porta à Rome une lettre de l’empereur, par laquelle il était ordonné que les biens de ceux qui avaient exercé quelque charge au temps de Stilicon seraient confisqués. Et comme si tant de maux n’eussent pas suffi pour contenter la rage du mauvais génie qui tourmentait les hommes durant l’absence ou durant le silence des dieux, il en survint encore un autre. Les soldats qui étaient en garnison dans les villes, ayant appris la mort de Stilicon, se jetèrent en même temps sur les femmes et sur les en fans des étrangers; les massacrèrent, et pillèrent leurs biens. Les parents de ceux qui avaient été tués s’étant assemblés et ayant pris Dieu à témoin de l’impiété et de la perfidie des Romains, se joignirent à Alaric dans le dessein d’attaquer Rome.