X.
Tu as en main les Ecritures qui attaquent la chair; prends aussi celles qui la glorifient. Tu lis ce qui l'abaisse; ouvre les yeux sur ce qui la relève, « Toute chair est semblable à l'herbe des champs. » Isaïe n'a pas seulement prononcé cet oracle; il dit aussi: « Toute chair verra le Dieu sauveur. » On remarque que Dieu dit dans la Genèse: « Mon esprit ne demeurera point dans ces hommes, parce qu'ils sont chair. » Mais on entend aussi de la bouche de Joël: « Je répandrai sur toute chair les effusions de mon esprit. » Il ne faut pas non plus ne connaître de l'Apôtre que les reproches qu'il adresse à la chair. Quoiqu'il nie « qu'il y ait rien de bon dans la chair; » quoiqu'il affirme « que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu, parce que la concupiscence de la chair s'élève contre l'esprit; » ces paroles et d'autres semblables vont moins à déshonorer sa substance elle-même que ses actes: nous prouverons ailleurs qu'il est impossible de rien reprocher à la chair sans que le reproche retombe sur l'âme qui se fait servir par le ministère de la chair. Disons-le, en attendant, c'est encore Paul qui écrit lorsqu'il « porte sur son corps les marques de Jésus-Christ; » lorsqu'il nous « défend de profaner notre corps, parce qu'il est le temple de Dieu; » lorsqu'il « fait de nos corps les membres de Jésus-Christ; » lorsqu'il nous avertit « de porter et de glorifier Dieu dans notre corps. » Conséquemment, si les ignominies de la chair lui interdisent la résurrection, pourquoi ses prérogatives ne la justifieraient-elles pas? D'ailleurs il est plus convenable à Dieu de sauver ce qu'il a condamné un moment, que de livrer à la perdition ce qu'il a quelquefois approuvé.