Chapitre LXXIII
D’autres parmi ces sages selon le monde vinrent le trouver au même endroit et croyaient se moquer de lui parce qu’il n’avait point étudié ; il leur dit : Qu’est-ce qui d’après vous est premier ? ou l’esprit ou les sciences ? Et lequel des deux est la cause de l’autre, ou l’esprit des sciences ou les sciences de l’esprit ? A cela, ils répondirent que l’esprit précédait les sciences puisqu’il en était l’inventeur. Il leur répliqua : les sciences ne sont donc pas nécessaires à celui qui a l’esprit sain et solide. Cela les surprit et tous ceux qui étaient présents s’en allèrent plein d’admiration pour avoir vu une si grande vivacité d’esprit dans un homme sans lettres.
Sa manière d’agir, qui n’avait rien de rustique et de sauvage, n’était point celle d’une personne nourrie et vieillie sur une montagne. Mais il était civil et agréable, et ses discours étaient tellement assaisonnés du sel d’une sagesse divine, que tous ceux qui venaient le voir recevaient de la joie et de la consolation de ses entretiens, sans pouvoir trouver à redire à ses actions.