8.
Non contents de ces actes, et sans rougir de tous les maux qu’ils avaient précédemment remués contre moi, ils viennent aujourd’hui m’accuser d’avoir échappé à leurs mains homicides; ou plutôt, pleurant amèrement de ne s’être pas à jamais délivrés de moi, ils font semblant de m’accuser de lâcheté, sans s’apercevoir que ces murmures font retomber le blâme sur eux. Car, s’il est mal de fuir, il est beaucoup plus mal de persécuter: l’un se cache pour ne point périr; l’autre poursuit pour tuer. L’Ecriture autorise la fuite; mais celui qui cherche pour tuer, transgresse la loi et provoque à fuir. S’ils veulent me reprocher d’avoir fui, qu’ils commencent par rougir d’avoir persécuté; qu’ils cessent de tendre des embûches, et aussitôt s’arrêteront les fugitifs. Mais ils e renoncent pas à leur méchanceté et font tout pour me prendre, ignorant que la fuite des persécutés est une grande preuve contre les persécuteurs. On ne fuit pas l’homme doux et humain, mais celui qui est de nature farouche et méchante. Ainsi quiconque était dans l’angoisse et sous le coup des dettes fuyait loin de Saül et cherchait un refuge auprès de David. Si ces malheureux brûlent de tuer ceux qui se cachent, c’est dans l’espérance de ne point laisser trace de leur méchanceté; mais ici encore ils semblent aveuglés, eux qui sont toujours dans l’erreur. Plus la fuite est visible, plus aussi paraissent au grand jour tant de complots meurtriers et tant d’exils. S’ils tuent, la mort crie à haute voix contre eux s’ils bannissent, de tous côtés s’élèvent contre eux des monuments de leur iniquité.