9.
Je suis ici en terre étrangère et ne sais ce qu’il faut dire pour mon apologie; seulement je me condamne moi-même à mille morts, si le moindre soupçon tombe sur moi. Mais devant toi, ô empereur ami de la vérité, je me justifie avec confiance. Je t’en supplie, comme je l’ai déjà dit, fais une enquête. Tu as d’excellents témoins, les ambassadeurs qu’autrefois t’envoya cet homme, les évêques Servatius et Maxime, et ceux qui les accompagnaient, Clément et Valens. Apprends, je t’en conjure, s’ils m’apportèrent des lettres qui eussent été un motif d’écrire à mon tour. Mais, s’il ne m’a pas écrit, s’il ne me connaissait pas, comment lui eussè-je écrit, moi qui ne le connaissais pas davantage? Demande si, à la vue de Clément, je ne rappelai point le prince d’heureuse mémoire; si, comme il est écrit, je ne mouillai point mes vêtements de larmes, pensant à cette âme si humaine et amie du Christ. Apprends comme, au récit de la cruauté du monstre, quand je voyais Valens s’avancer à travers la Libye, je tremblais qu’il ne tentât quelque coup d’audace et, comme un brigand, ne massacrât ceux qui conservaient l’amour et le souvenir du bienheureux: et, parmi eux, je prétends ne venir après personne.