19.
Accorde-moi d’examiner la dernière calomnie et permets-moi de m’en justifier. Ils ont osé m’accuser d’avoir résisté à tes ordres, en refusant de sortir de mon église. Je les admire de ne point se fatiguer de calomnier; comme eux, je ne me fatigue point, ou plutôt je suis heureux de me justifier: car plus il y a d’apologies, plus ils peuvent être connus.
J’aurais résisté aux ordres de ta Piété? à Dieu ne plaise! Moi qui ne suis pas un assez grand personnage pour résister même au questeur de ville. J’aurais désobéi à un si grand empereur? Et, à ce sujet, qu’est-il besoin de tant de paroles? Toute la ville me rend témoignage. Néanmoins permets-moi de reprendre l’affaire dès le principe. Si tu m’écoutes, tu admireras, j’en suis sûr, la dextérité de mes ennemis. Montanus vint m’apporter une lettre, comme si je t’avais écrit pour aller en Italie et pouvoir combler les vides que je crois voir dans l’ordre ecclésiastique. Je rends grâce à ta Piété d’avoir daigné consentir, comme si je t’avais écrit, et pourvu à ce que je pusse entreprendre ce voyage et l’achever sans fatigue; mais j’admire que ceux qui mentirent à tes oreilles n’aient pas tremblé, à la pensée que le mensonge est le propre du diable et que les menteurs sont étrangers à Celui qui dit: Je suis la vérité. Je n’avais point écrit; une telle lettre, mon accusateur ne saurait la trouver; et, quand il m’eût fallu écrire chaque jour pour jouir de ta vue bienveillante, il n’est ni saint d’abandonner les églises, ni juste d’être importun à ta Piété, surtout quand, même absent, je te vois acquiescer aux demandes qui concernent l’Eglise. Ordonne-moi de lire les ordres que m’apportait Montanus. Les voici….