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Que voulaient-ils donc? pourquoi la ruse et ces embûches, quand ils pouvaient commander et n’avaient qu’à écrire? car quelle assurance ne donne pas un ordre de l’empereur! Mais cette volonté de se dérober rendait plus clair le soupçon qu’ils n’avaient point d’ordre. Que demandais-je de déplacé, ô empereur ami de la vérité? qui ne conviendrait qu’une telle demande était bien dans la bouche d’un évêque? Tu sais, toi qui lis les Ecritures, quel crime c’est pour un évêque de déserter son église et de ne pas prendre soin du bercail de Dieu. L’absence des pasteurs n’est-elle pas pour les loups une occasion de se jeter sur le troupeau? C’est ce que cherchaient les ariens et les autres hérétiques, afin que, par mon absence, ils trouvassent le champ libre pour tromper les peuples et les jeter dans l’impiété. Si j’avais fui, quelle apologie présenterais-je aux vrais évêques? ou plutôt à celui qui m’a confié le troupeau, à celui qui juge toute la terre, au véritable et souverain roi, Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu? N’aurait-on pas raison de me faire un crime d’avoir négligé mon église? Ta Piété ne m’adresserait- elle pas ce juste reproche? Pourquoi, après être rentré avec une lettre, te retires-tu sans lettre et abandonnes-tu les peuples? Et les peuples, au jour du jugement, ne rejetteraient-ils pas sur moi leur abandon? ne diraient-ils pas: Il a fui, celui qui nous surveillait, et nous fumes négligés; il n’était personne pour nous avertir. A ces plaintes que répondrais-je? car tel était le reproche qu’adressait Ezéchiel aux anciens pasteurs; telle est la pensée du bienheureux apôtre Paul, quand, s’adressant à son disciple, il dit à chacun de nous Ne néglige pas la grâce qui est en toi, la grâce qui t’a été donnée par l’imposition des mains des prêtres. Telle était aussi ma crainte, quand je ne voulais pas fuir, mais recevoir un ordre, si telle était la volonté de ta Piété. Je ne reçus point ce que je demandais avec justice, et c’est à tort qu’aujourd’hui je suis accusé devant toi. Non, je ne résistai pas à un ordre de ta Piété et je ne tenterai pas de rentrer dans Alexandrie, sans que ton Humanité le veuille. Je m’empresse de le déclarer, afin que les sycophantes ne trouvent point prétexte à une nouvelle attaque.
