A MÉLÈCE, MÉDECIN. CXCIII—CCCLXIX.
Saint Basile était fort malade : il mande le détail de sa maladie à Mélèce d'une manière expressive en même temps et agréable, qui annonce le mauvais état de sa santé et la sérénité de son âme.
JE n'ai pu me garantir des rigueurs de l'hiver comme font les grues. Je ne le cède peut-être pas à ces oiseaux en prévoyance de l'avenir ; mais pour la liberté de la vie, je suis aussi éloigné d'eux que je suis loin de la faculté de voler. D'abord, je me suis trouvé arrêté par des affaires domestiques ; ensuite une fièvre violente et continue nia tellement épuisé que je crois avoir perdu de ma substance. La fièvre s'est tournée en quarte, et j'en ai eu plus de vingt accès. Je suis maintenant saut fièvre, mais si exténué et si faible que je ressemble à une araignée. Tout chemin est pour moi impraticable, et le moindre souffle de vent m'est aussi périlleux que le dixième coup de mer à ceux qui naviguent. Je suis contraint de me renfermer dans mon logis et d'attendre le printemps, si je puis aller jusque-là et résister ait mal qui dévore mes entrailles. Si Dieu. ma conserve par sa toute-puissance, je me transporterai avec joie dans votre solitude, et j'embrasserai de bon coeur un excellent ami. Demandez à Dieu qu'il dispose de ma vie comme il le jugera à propos pour le salut de mon âme.