RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES.
LES lettres de St. Basile sont célèbres dans l'histoire de l'Eglise. Elie du Pin , habile critique du dernier siècle , les regardait connue ce qu'il y avait peut-être de plus curieux et de plus savant dans toute l'antiquité ecclésiastique. « Elles sont écrites, dit-il, avec une pureté, une noblesse, une éloquence inimitables, et contiennent une infinité de choses. On y voit toute l'histoire de son temps écrite sans prétention , les différents caractères des esprits, les intérêts contraires de chaque parti, les motifs qui les faisaient agir les uns et les autres, et les intrigues qu'ils mettaient en usage. L'état des Eglises d'Orient et d'Occident y est dépeint avec des traits naturels. Un grand nombre de questions de doctrine , de discipline et de morale y sont décidées avec beaucoup d'habileté et de prudence. Il y a plusieurs lettres de consolation et d'exhortation qui sont très-édifiantes et très-fortes ; et celles mêmes qui ne sont que de compliments sont pleines de pensées non moins ingénieuses que solides. » J'ajoute à ces réflexions , qu'on est étonné , en voyant ce grand nombre de lettres (on en compte plus de trois cent cinquante) écrites à une multitude de personnes de différents états, et sur une infinité d'affaires ecclésiastiques de diverses espèces, qu'un homme chargé du gouvernement d'une grande Eglise , avec la santé la plus frêle, ait pu étendre son attention et ses soins sur les grands intérêts des Eglises d'Orient et d'Occident, sans négliger ceux des particuliers, et principalement ceux de ses amis; qu'il ait pu suffire à tous ces détails qui pourraient effrayer l’homme le plus oisif et le plus robuste: tant il est vrai que l'activité de l'esprit supplée à tout, fournit à tout , et qu'une grande âme se rend maîtresse du corps qu'elle anime ! Parmi ces lettres, j'ai choisi surtout celles qui sont faites pour plaire dans tous les temps et à toutes sortes de personnes, celles qui peuvent être des modèles d'une politesse ingénieuse et d'une sensibilité affectueuse , qui offrent une gaieté décente , de la sérénité et du calme au milieu des peines et des infirmités , en un mot , celles qui peignent le mieux le caractère de celui qui les a écrites. J'ai mis à la tête toute sa correspondance avec le rhéteur Libanius ; on y verra comment deux hommes d'esprit , qui avaient conservé de l'amitié et de l'estime l'un pour l'autre malgré la différence de religion, se louent sans fadeur, se font quelques reproches sans aigreur , badinent avec décence, font, pour ainsi dire, assaut d'esprit et de politesse. Les anciennes et nouvelles éditions suivent différents systèmes pour l'ordre des lettres; pour moi , je n'en ai suivi aucun , et je les ai placées presque, au hasard , avec l'attention seulement qu'il y eût quelque variété. Chaque lettre a son court sommaire , précédé de deux chiffres romains, qui annoncent l'ordre numéral de la lettre; le premier , dans l'édition des Bénédictins, le second , dans celle de Morel.