CHAPITRE V : DU TEMPS OU LE CHRIST A APPARU PARMI LES HOMMES
Après celte introduction nécessaire de l'histoire ecclésiastique que nous nous proposons d'entreprendre, il nous reste à commencer noire voyage : notre point de départ sera l'apparition de notre Sauveur dans sa chair. Que Dieu le Père du Verbe, que Jésus-Christ lui-même, dont nous parlons (voy. l'Appendice), notre Sauveur et Seigneur, le Verbe céleste de Dieu (voy.l'Appendice), soient noire aide et notre secours dans l'exposition de la vérité, nous les en prions.1
[2] La quarante-deuxième année du règne d'Auguste, la vingt-huitième depuis la soumission de l'Égypte et la mort d'Antoine et de Cléopâtre qui marqua la fin de la domination des Ptolémées [32 av, J.-C], notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ naquit, au temps du premier dénombrement ordonné par Quirinius, gouver- 53 neur de Syrie, à Bethléem de Judée ainsi que les prophéties l'avaient annoncé. |3] Le plus célèbre historien juif, Flavius Josèphe, fait mention de ce recensement lorsqu'il raconte l'insurrection des Galiléens qui eut lieu à cette même époque et dont Luc, un des nôtres, rappelle le souvenir en ces termes dans les Actes : « Après lui, Judas le Galiléen se leva aux jours du dénombrement ; il attira à sa suite beaucoup de partisans, mais il périt et ceux qui avaient cru en lui furent dispersés. »
[4] D'accord avec ces indications (voy. l'Appendice), Josèphe au dix-huitième livre de l'Antiquité expose en outre ce qui suit en propres termes :
« Quirinius, membre du Sénat, avait rempli les autres charges et passé par toutes, de manière à devenir consul ; c'était du reste un homme de grande réputation. Il vint en Syrie avec peu de monde, envoyé par César comme juge de la nation et censeur des biens. »2
[5] Peu après, il ajoute :
« Judas Gaulanite, d'une ville appelée Gamala, s'adjoignit le pharisien Sadoc, et tous deux poussèrent à la révolte : ils disaient que le recensement n'avait «l'autre but que d'apporter directement la servitude et ils animaient la nation à la défense de la liberté. »
[6] Au second livre des Histoires de la guerre juive όν,τιΐ encore ceci sur le même sujet :
« Alors un Galiléen du nom de Judas excitait ses compatriotes à se soulèvent leur reprochant d'accepter payer l'impôt aux Romains et de tolérer des maîtres mortels autres que Dieu. »
Voilà ce que dit Josèphe.
τὸν δηλούαενον. Cette expression est ordinaire dans Eusèbe pour renvoyer à ce qui a été dit : « ledit Jésus-Christ ». Elle a donc un sens très effacé. Cf. § 4, ὁ δεδηλωμένος, « l'auteur déjà nommé » ; viii, 1, τοὺς δεδηλωμένους χρόνους, « l'époque indiquée »; viii, 8 : ἐν τῇ δηλωθείσῃ γραφῇ.494 " l'écrit sus-mentionné; III, xxxvi, 10 : ἀπὸ τῆς δηλωθείσης πόλεως ; xxxιx, 7 : ὁ δηλούμενος Πάπιας; etc. — λόγον mss., λόγον σὺν τῷ ἀγίῳ καὶ προσκυνητῷ πνεύματι Μ : Eusèbe ne parle pas du Saint-Esprit ; on a voulu combler cette lacune. ↩
συνᾴδων : mais Josèpbe, ib., 26, place le recensement de Quirinius dans la 37e année après la bataille d'Actium (7 ap. J.-C). Sur ce recensement, voy. E. SCHUBRER, Geschichtedes jüdischen Volkes in Zeitalter Jesu Christi, 3e éd., t. I, p. 508 suiv.; sur la chronologie de Jésus, ib., p. 443. ↩
