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Œuvres Némésius d'Émèse (350-420) De natura hominis De la nature de l'homme

Chapitre XXXV. DE LA FATALITÉ.

Ceux qui prétendent que toutes nos actions sont réglées totalement par le cours des astres, s'éloignent tout-à-fait du sens commun, et, de plus, ils rendent l'administration de l'état entièrement inutile. Car les lois deviendraient absurdes, les jugements qui condamnent les coupables h des peines seraient injustes, le blâme et la louange seraient déraisonnables; les prières, aussi, deviendraient inutiles, si tout était soumis à la fatalité ; de plus, la providence et la religion seraient détruites; l'homme ne serait plus que l'instrument aveugle des sphères célestes, puisque l'exercice des facultés de son âme, aussi bien que celui des parties de son corps, serait subordonné à leurs mouvements. Enfin, ceux qui admettent cette opinion ne font plus rien dépendre de nous, ils suppriment tout ce qui est d'une nature contin- 206 gente, et ils bouleversent ainsi tout le monde moral. Les astres deviendraient aussi coupables d'injustice, puisqu'ils seraient la cause des adultères des uns et des meurtres des autres ; et, bien plus, Dieu qui a tout créé, serait la première cause de ces crimes, puisqu'il nous aurait imposé la nécessité de les commettre. Ainsi, non-seulement cette opinion insensée mettrait le désordre dans l'état; mais encore, elle rendrait Dieu coupable de tous les crimes. Le plus simple bon sens renverse donc leur hypothèse; et l'on ne peut, d'ailleurs, entendre sans indignation des choses aussi absurdes et aussi blasphématoires.

D'autres cherchent à concilier notre libre arbitre avec la fatalité. Selon eux, chaque être est soumis à la fatalité en quelque chose : c'est à cause d'elle que Peau a de la fraîcheur; que chaque espèce d'arbres doit produire certains fruits ; que la pierre tend à descendre, et le feu à monter : c'est aussi à cause d'elle que l'animal à des préférences et des désirs; et, lorsque, ni les choses extérieures, ni la fatalité ne s'y opposent, nous faisons ce que nous voulons, par exemple, nous marchons si cela nous plaît. Telle est l'opinion de Chrysippe, de Philopator, et d'autres philosophes célèbres : mais cela revient à dire que tout est réglé par la fatalité. Car, si les mouvements de notre âme sont produits par la fatalité, comme le disent ces philosophes, et s'il est vrai que tantôt la fatalité les empêche, et que tantôt elle leur 207 laisse un libre cours, il est évident que la fatalité règle toutes choses, même celles qui paraissent dépendre de nous.

Nous nous servirons des mêmes arguments, pour démontrer l'absurdité de leur opinion. En effet, si les mêmes causes étant établies, comme ils le disent eux-mêmes, il est de toute nécessité que les mêmes choses arrivent, et s'il n'est pas possible qu'elles arrivent tantôt d'une manière, et tantôt d'une autre, parce qu'elles ont été réglées ainsi de toute éternité, il est aussi nécessaire que les mouvements volontaires de l'animal aient lieu exactement de la même manière, en vertu de ces mêmes causes. Mais, si le mouvement volontaire est réglé par la nécessité, qu'avons-nous encore en notre dépendance? Car il faut que ce qui dépend de nous soit libre. Or, cela serait, si, les mêmes causes étant établies, il dépendait de nous, tantôt de vouloir, et tantôt de ne pas vouloir. Si donc les mouvements de notre âme sont réglés par la fatalité, les choses qui y ont rapport doivent aussi être réglées par la fatalité, bien qu'elles viennent de nous, qu'elles procèdent de notre nature, et qu'elles résultent de notre volonté et de notre jugement. En effet, s'il en était autrement, il ne serait plus vrai que les mêmes causes amènent toujours les mêmes effets.

On pourra, d'ailleurs, raisonner de la même manière au sujet des bêtes et des êtres inanimés. Car, si nous avons telle ou telle volonté, parce 208 qu'elle est dans notre nature, rien n'empêche de dire aussi que le feu a la volonté de brûler, parce qu'il brûle naturellement : comme parait le foire entendre Philopator, dans son livre de la Fatalité.

Ainsi donc, ce qui se fait en nous d'une manière fatale, ne dépend pas de nous. Car, on pourrait dire la même chose d'une lyre, d'une flûte et des autres instruments, ainsi que de tous les êtres irraisonnables et inanimée lorsqu'on s'en sert. Or, cela est absurde.

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Einleitung und Vorwort zur Anthropologie Nemesios von Emesa
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