LIVRE DEUXIÈME
A UN PÈRE CHRÉTIEN.
ANALYSE.
Ce n’était pas seulement des étrangers, mais les amis et les pères eux-mêmes qui détournaient leurs enfants de la profession monastique : et ce désordre était égal parmi les chrétiens et parmi les païens. — Saint Chrysostome s’adresse d’abord à un père infidèle, qu’il suppose outré de douleur de voir son fils engagé dans cette profession.— Dans la peinture qu’il fait de l’état de ce personnage supposé, il rassemble tous les motifs qui font ordinairement qu’un père déplore de voir son fils embrasser la vie monastique. — il est riche et noble, il n’a qu’un fils et ne peut espérer d’en avoir d’autres. — De son côté le fils est doué de toutes les qualités nécessaires pour être en droit d’aspirer à ce qu’il y a de plus grand dans le monde, mais il a entendu parler de la religion chrétienne et il a tout quitté pour s’enfuir dans les montagnes. — Quelque justes sujets que ce père, paraisse avoir de se plaindre de la résolution de son fils, saint Chrysostome soutient que c’est à tort qu’il déplore son changement de vie, parce que le pauvre volontaire est plus heureux que le riche toujours tourmenté de la passion de l’argent; parce que le solitaire, tout en ne possédant rien en propre, dispose, pour le bien des pauvres, de la bourse de toutes les personnes de piété. —Comme le père est païen, saint Chrysostome n’employant que des raisonnements et des exemples à sa portée, lui cite l’exemple de Criton qui met tout son bien à la disposition de Socrate, son maître de philosophie. — Citation d’un passage du dialogue de Platon, le Criton. — Autre exemple de Diogène refusant les offres d’Alexandre.
Si le père veut parler de la gloire que son fils aurait acquise dans le monde, saint Chrysostome lui répond que la gloire suit la vertu encore plus que ta puissance. — Platon est plus illustre que Denys, tyran de Syracuse ; Socrate qu’Archelaüs; Aristide qu’Alcibiade. — Alexandre porta envie à Diogène. — Saint Chrysostome va plus loin et fait voir que ce fils , devenu solitaire, est plus puissant que s’il fût resté dans le monde. — Car, dit-il, il y a trois degrés de puissance, dont le premier est de pouvoir se venger des injures ; le second, de se guérir soi-même, quelque blessure que l’on ait reçue ; le troisième, de se mettre dans un état où personne ne puisse nuire. — C’est ce dernier degré dont jouit le solitaire. — Personne ne peut lui nuire ; développement de cette pensée.
De là, saint Chrysostome passe à ce qui regarde personnellement le père de ce solitaire, et montre que jamais fils n’a eu tant de respects et d’égards pour son père : élevé à quelque haute dignité dans le monde, il n’aurait peut-être eu que du mépris pour l’auteur de ses jours; restant dans le siècle, il aurait peut-être été jusqu’à souhaiter la mort de son père par l’espérance d’une riche succession ; retiré dans la solitude il prie Dieu, au contraire, qu’il lui accorde une longue vie. — Résumé des motifs. —Réfutation des objections. — Exemple d’un fait récent : Père païen qui, après avoir tout fait pour retirer son fils de la profession monastique, finit par se laisser vaincre et convertir par lui.
Comme nous en avons déjà fait la remarque à propos du sacerdoce, saint Chrysostome prend dans ce traité la marche et le ton oratoire, il se transporte par la pensée devant un tribunal et il plaide une cause. — On le sentirait au style, quand il ne le dirait pas lui-même en propres termes.