• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

10.

Voilà ceux qui bouleversent l’Etat, et qui perdent la république. Ils causent encore beaucoup de maux à ceux de leurs frères qu’ils empêchent de goûter un repos désiré, qu’ils tiraillent, qu’ils harcèlent de mille manières. C’est pour eux qu’il y a des tribunaux, des lois, des châtiments et divers genres de supplices. Et de même que dans une maison où il y a beaucoup de malades et peu de gens en santé, on voit d’ordinaire beaucoup de remèdes et de médecins; de même il n’y a pas sur la terre un peuple, une ville, où l’on ne trouve quantité de lois, de magistrats, de supplices. Car les remèdes ne suffisent pas seuls à guérir les malades, il faut encore des gens qui les appliquent; ce sont les juges qui forcent les malades à recevoir bon gré mal gré les remèdes des châtiments et des lois. Cependant, la contagion va si loin, qu’elle a triomphé même de l’art des médecins, et qu’elle a attaqué jusqu’aux juges; et il arrive la même chose que si quelqu’un, atteint de la fièvre, de l’hydropisie et d’autres maladies plus terribles, voulait à toute force guérir ceux qui seraient travaillés des mêmes infirmités que lui, quoiqu’incapable de guérir les siennes propres.

En effet, le flot du vice, rompant toutes les digues comme un torrent a fait invasion dans les âmes des hommes. Et que parlé-je de renversements d’Etats? Peu s’en faut que la contagion amenée par ces scélérats ne bouleverse les idées de la foule sur la Providence de Dieu; tellement elle s’avance et s’accroît, travaille à tout envahir, met tout sens dessus dessous, et s’insurge contre le Ciel même, aiguisant les langues des hommes, non plus seulement contre leurs frères, mais contre le souverain Seigneur de toutes choses. D’où vient, dites-moi, qu’il est si souvent fait mention du destin dans le discours des hommes? Pourquoi la plupart attribuent-ils les événements au cours des astres, créatures dépourvues de raison? Pourquoi quelques-uns vantent-ils la fortune et le hasard? Pourquoi s’imaginent-ils que tout marche à l’aventure et sans ordre? Toutes ces idées viennent-elles de ceux. qui vivent honnêtement et sagement? nu bien de ceux que vous dites les soutiens de l’Etat, et qui sont, comme je vous l’ai montré, les fléaux de la terre entière? C’est assurément de ceux-ci. Personne ne s’indigne contre la Providence, parce qu’un tel s’adonne à la vie parfaite, parce qu’un tel est probe, sage, modéré et méprise les choses présentes; ce qui irrite les colères des multitudes, c’est le spectacle de l’opulence, des délices, de l’avarice des riches, de leurs rapines, de la perversité honorée et prospère. Voilà ce que condamnent et ce que blâment ceux qui ne croient pas à Dieu. Voilà ce qui choque et scandalise les peuples. La vue des gens de bien, loin de leur faire tenir ce langage, les porterait à se reprocher à eux-mêmes une coupable audace qui ne craint pas d’accuser Dieu même. Et si tous, ou du moins le plus grand nombre, voulaient vivre sagement, jamais on n’aurait inventé ces expressions, jamais on n’en serait venu au comble des maux, à chercher d’où viennent les maux.

Si le mal n’existait pas, s’il ne se montrait nulle part, qui jamais serait allé chercher la cause du mal et susciter mille hérésies par cette recherche? De fait, Marcion, Manès et Valentin, et la plupart des Grecs, ont commencé par là. Si tous étaient sages, ces questions n’existeraient pas. Le spectacle d’une vie passée chrétiennement, montrerait à tous, sans avoir besoin d’un autre enseignement, que nous vivons sous le gouvernement de Dieu, -qu’il prend soin de ce qui nous concerne et conduit nos affaires par sa sagesse et son intelligence infinies. Il en arrive bien ainsi même à cette heure, mais on ne s’en aperçoit pas facilement à cause des nuages épais dont ces hérétiques ont obscurci toute la terre. Si tous les hommes vivaient bien, la Providence de Dieu éclaterait comme en plein midi dans un jour serein. Car s’il n’y avait ni tribunaux, ni accusateurs, ni délateurs, ni tourments, ni peines, -ni prisons, ni supplices, ni confiscations, ni pertes, ni craintes, ni dangers, ni inimitiés, ni embûches, ni querelles, ni haines, ni famines, ni pestes, ni aucun autre des maux que nous avons énumérés; si tous, au contraire, vivaient dans la probité qui leur convient, qui d’entre les hommes pourrait mettre en doute la Providence de Dieu? Personne assurément. Il en arrive maintenant pour la divine Providence, comme pour un pilote qui, manoeuvrant adroitement pendant la tempête , sauverait son navire, mais dont l’habileté passerait inaperçue dans le trouble et l’épouvante où le péril jette les passagers. Dieu donc gouverne tout le monde, même à cette heure; seulement la plupart ne s’en aperçoivent pas, à cause de la perturbation de toutes choses, et de la tempête qu’ils excitent eux-mêmes dans le monde. Aussi non-seulement ils bouleversent l’Etat, mais encore ils perdent la religion; et ce ne serait pas se tromper que de les appeler des ennemis communs qui vivent aux dépens du salut des autres, puisque, par leurs doctrines perverses et leur vie licencieuse, ils font tomber dans l’abîme ceux qui naviguent avec eux.

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (115.11 kB)
  • epubEPUB (100.93 kB)
  • pdfPDF (353.08 kB)
  • rtfRTF (311.75 kB)
Traductions de cette œuvre
Apologie de la vie monastique

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité