LES VIERGES VOUÉES A DIEU NE DOIVENT PAS COHABITER AVEC DES HOMMES.
ANALYSE. Ici, ce n'est pas une plume que tient notre saint Docteur , c'est une verge qu'il porte pour mieux venger la morale chrétienne outragée par l'étrange abus de la cohabitation des clercs et des vierges consacrées à Dieu. — Dans le livre précédent, il s'adressait aux hommes ; dans celui-ci, c'est aux femmes qu'il s'en prend particulièrement sans laisser de flageller aussi leurs complices avec elles. — Il débute par une lamentation imitée de Jérémie. — Il déplore la décadence de la virginité autrefois l'honneur, maintenant la honte du nom chrétien. — En quoi différez-vous des femmes perdues ? — Il est vrai, vous ne provoquez pas les passants de la voix, mais vous les provoquez par votre mise recherchée, par votre démarche pleine de volupté, par vos regards. — Les hommes que vous rendez adultères par les désirs empoisonnés dont vous leur lancez les traits seraient punis, et vous ne le seriez pas? — Il y a encore, je le sais , des vierges dignes de ce nom , il est inutile de dire que mes reproches ne les atteignent pas. — Mais ces reproches, d'un caractère général, ne sont rien : venons à une accusation plus précise, mettons le doigt sur la plaie de notre époque. — Certaines femmes qui se sont vouées à Dieu et qui se disent vierges logent des hommes dans leur maison. — A quels bruits scandaleux, et quelquefois à quels crimes cela ne donne-t-il pas lieu ? — On devrait les traiter comme Phinées traita la Madianite : mais il vaut mieux pleurer sur elles pour les corriger, s'il est possible. — Notre-Seigneur Jésus-Christ a pleuré sur Jérusalem, saint Paul sur la perte des Juifs, ses frères. — Dieu veut que nous pleurions le malheur des coupables que sa justice est obligée de punir; deux exemples tirés, l'un d'Ezéchiel, l'autre de Michée, le prouvent. — Nouvelle lamentation. — Objections des accusées et réfutation de ces objections : 1° Notre corps est intact. — Votre cœur l'est-il? — L'honneur de Dieu et du christianisme l'est-il ? — Si vous vouliez vivre dans la société des hommes, il fallait entrer dans l'état, non de la virginité, mais du mariage. — Voyez donc à quel point votre virginité mal observée vous dégrade : qui êtes-vous ? quel nom vous donner ? — Vous n'en avez pas qui soit écrit dans les lois : mais quel est celui que l'on vous donne dans les conversations ? — Je n'ose pas le répéter. — 2° Nous n'avons pas d'enfants. — Les prostituées non plus n'en ont pas. — 3° Nous n'arrêtons pas les hommes au passage. — Vous les tenez continuellement enfermés dans vos demeures. — 4° Nos chambres sont séparées. — Je l'admets , le scandale n'en subsiste pas moins. — 5° Mais ces hommes nous rendent. des services. — A les entendre, c'est vous au contraire qui les servez. — Une femme vous servirait mieux. — Digression sur la dégradation d'un homme qui se réduit à servir des femmes comme un vil esclave. — Retour au sujet. — Le scandale. — On ne doit pas mépriser la médisance quand on y a donné lieu ; il faut même la faire cesser sans qu'on y ait donné lieu, quand on le peut. — Cette malheureuse cohabitation vous sépare de Jésus-Christ. — Je crois que c'est la vaine gloire qui vous attache surtout à cette déplorable habitude. — Vous vous éloignez de votre but; en recherchant la gloire, vous rencontrez l'ignominie. — L'homme qui entre chez vous laisse dehors ce qu'il pouvait avoir de mérite et de bonne réputation. — Il n'est pas convenable à vous de gouverner un homme, puisque cela ne convient même pas à une épouse. — Tenez-vous à l'estime des hommes, n'ayez rien de commun avec eux. — Comment l'on exalte dans le monde les vierges dignes de cette sainte profession; comment l'on vilipende au contraire celles qui cohabitent avec des hommes. — Vos adorateurs eux-mêmes vous méprisent au fond de leurs coeurs. — Les vierges coupables au jugement dernier. —Admirable portrait de la vierge chrétienne. — Le vêtement a été donné à l'homme pour couvrir sa nudité, et non comme une parure. — Il doit nous humilier et non nous donner de l'orgueil. — Ridicule de la cohabitation démontré par une description pittoresque. — Exhortation animée et pathétique sur ce texte de David : Audi filia et vide. (Ps. XLIV, 12.)